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être très-modérée. On sait que ce remède est un excellent dia phonique in recessu ; il peut par là convenir lorsque l’éruption est difficile & que la matière morbifique se porte trop lentement à la peau, mais aussi il faut bien prendre garde de ne pas retarder l’éruption en la surchargeant & en forçant son travail. On combinera les anti-hystériques avec l’opium, s’il y a un état de vapeurs ; mais si toutes ces affections tenoient à un état inflammatoire, il faudroit bien se garder de donner l’opium, qui ne convient que dans les cas de maux de nerfs & de leur tension spasmodique.

On insistera sur la saignée s’il y a des indices d’une inflammation des poumons, mais avec plus de ménagement que dans la péripneumonie essentielle & seule ; ensuite on appliquera un vésicatoire sur l’endroit de la douleur, & on prescrira aux malades l’usage d’une tisanne pectorale, à laquelle on ajoutera le nitre, & d’un looch approprié aux circonstances.

M. Tissot a vu de très-bons effets de la vapeur d’eau chaude long-temps continuée, & des bains de jambes. Havney recommande beaucoup pour les enfans les testacées, & il pense qu’ils sont pour eux ce que les narcotiques sont pour les adultes. Rozen dit avec raison qu’on doit diriger le traitement de la rougeole d’après la couleur des pustules, & veut qu’on insiste sur les tempérans, si elles sont rouges & bien enflammées, tout comme sur l’usage du camphre, si elles sont pâles, affaissées & menacent la gangrène.

On acidulera la boisson du malade avec de l’esprit de vitriol, s’il se manifeste des taches noires ou pourprées ; mais si les symptômes de la putridité vont en augmentant, on donnera du quinquina.

Les hémorragies modérées du nez sont toujours avantageuses quand elles ne sont point excessives, & qu’elles calment le délire & le mal de tête. Si, au contraire, elles jettent le malade dans une perte totale des forces, & qu’elles aient le caractère colliquatif, on emploiera les calmans ou les acides minéraux jusqu’à agréable acidité, ou une combinaison de rhubarbe avec le diascordium.

L’opiniâtreté de la diarrhée fait beaucoup craindre la rentrée des pustules ; il faut alors donner l’opium pour soutenir la transpiration, & s’opposer par là à cette rétrocession, qui pourroit avoir des suites funestes ; on se conformera, au contraire, au précepte d’Huxam, & on donnera des cordiaux actifs si les pustules sont rentrées. Il est enfin essentiel de terminer le traitement de cette maladie par l’administration des purgatifs, qui produisent les plus salutaires effets dans le déclin de la rougeole, & qui doivent être plus ou moins répétés d’après l’indication qui se présentera alors : après eux on prescrira aux malades l’usage du lait pour envelopper l’âcreté des humeurs, qui cause le plus souvent des ulcères ; un exercice modéré, le changement d’air à la campagne, une boisson délayant, des alimens doux & légers & de bonne digestion ; les sujets éviteront avec soin les intempéries de l’air, sur-tout l’exposition à l’air humide ou trop froid, qui, en supprimant la transpiration, pourroit exciter un catarrhe suffoquant, l’asthme ou la