n’expliquent pas mieux la sublimation de l’humidité renfermée dans la terre, que la chaleur de dix degrés & un quart que l’on y rencontre par-tout.
Des expériences bien simples vont prouver que la sublimation des fluides ne commence qu’à ce terme. Le raisin jeté dans la cuve, n’établit sa fermentation sensible (consultez ce mot), que lorsque la chaleur de la masse, ou du moins d’une certaine & majeure partie, est à dix degrés de chaleur ; alors il y a un commencement d’évaporation, l’odorat & les oreilles l’indiquent. Placez devant le feu une cafetière remplie d’eau ; couvrez cette eau avec du papier Joseph ou papier sans colle, ou avec du papier gris, ce papier deviendra humide lorsque la chaleur communiquée à l’eau sera de dix degrés & un peu au-delà. Cette expérience doit être faite pendant l’hiver, car pendant l’été l’évaporation a lieu en raison de la chaleur de l’atmosphère, mais elle est moins visible, quoique plus forte, que dans l’expérience proposée, parce que la chaleur de l’eau & celle de l’atmosphère sont en équilibre. D’où l’on doit conclure que la nature, qui ne marche ni par sauts ni par bonds, sublime l’humidité intérieure de la terre à ce terme, & qu’il suffit ; d’où l’on doit encore conclure que la sublimation a lieu pendant toute l’année, à moins qu’un froid rigoureux ne glace la superficie du sol. C’est précisément par cette raison que le proverbe a dit, la glace & la neige engraissent la terre. Consultez ce mot, afin de ne pas tomber dans des répétitions.
Cette sublimation qui forme la rosée terrestre, entraîne avec elle les parties huileuses & volatiles, & surtout l’air fixe ; c’est pourquoi les rosées de mai sont si avantageuses. Pendant l’hiver toutes les substances animales ont tendu à la putréfaction, & à se réduire à l’état d’humus ou terre végétale. Il ne s’établit aucune putréfaction sans dégagement d’air fixe, ou plutôt c’est l’émission de cet air contenu dans les corps qui les rend putrides, car tant que cet air sert de lien à leurs parties, la putréfaction n’a pas lieu. Il résulte de ce qui vient d’être dit, que la chaleur de dix degrés suffit pour produire la rosée pendant tout le cours de l’année, excepté quand il gèle ou que la neige couvre la terre, & que cette rosée se charge de l’air fixe des corps putréfiés & de principes volatils huileux, car pour les salins (abstraction de l’acide de l’air fixe), aucune expérience ne me les a démontrés.
C’est ainsi que la rosée terrestre est produite pendant le jour & la nuit. C’est ainsi que cette émanation de la terre a lieu en plus ou moins grande abondance suivant les lieux, & suivant l’état de l’atmosphère. Pendant le jour elle n’est pas visible, parce qu’elle est fortement attirée par l’action du soleil, & portée dans la région supérieure de l’atmosphère où l’air s’en sature & la conserve comme en dépôt, afin de la rassembler ensuite en brouillards, en nuages, en pluie, & pour y trouver les matériaux des éclairs & de la foudre.
Jamais la rosée n’est plus abondante que vers le soleil couchant, & un peu avant qu’il reparoisse sur l’horison. Le soir, la partie inférieure de l’atmosphère est échauffée, & remplie de vapeurs ; à mesure que le soleil dérobe ses rayons, la région supérieure, toujours plus froide que l’inférieure, tend à meure, sa tempéra-