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celle d’une pièce de vingt-quatre sous, quelquefois d’un petit écu ; alors elle est moins jolie. Son odeur est suave. Le grand soleil dévore la beauté de ses couleurs & la fait passer trop vite.

Le Rosier de Champagne est également nain ; sa fleur plus large que la précédente, & tout d’un rouge vif & foncé ; ses tiges sont nombreuses, foibles, peu piquantes.

Les deux roses dont on vient de parler peuvent fournir plusieurs variétés.

La Rose de tous les mois ou des quatre saisons est une variété du Rosa gallica ou rosier commun, n°. 4 ; elle doit l’avantage de sa fleuraison aux soins assidus qu’on lui donne ; sans eux, elle ne fleuriroit pour l’ordinaire qu’une seule fois par année ; cependant livrée à elle-même, elle fleurit au printems & en automne, si le pied éprouve une grande sécheresse d’une époque à une autre ; c’est ce que j’ai observé plusieurs fois en Languedoc, sur-tout sur les rosiers de cette espèce plantés dans un terrain maigre. La trop grande chaleur suspend leur végétation ; elle se renouvelle en Octobre.

Von-Linné a eu bien raison de dire ; Species rosarum difficile limitibus circumscribantur, & fortè natura vix eos posuit.


CHAPITRE II.

De la culture des Rosiers.

Les racines de ces arbustes poussent beaucoup de chevelus, & certaines espèces lancent assez loin un grand nombre de drageons ; les provins par exemple. De la manière d’être de ces racines, on peut & on doit conclure que les rosiers aiment les terres douces, légères & substantielles, quand il s’agit de leur perfection. Les roses ont peu d’odeur lorsque les arbustes végètent dans un sol humide. Ils sont peu délicats sur l’exposition, & il est même avantageux d’en avoir dans toutes expositions, afin de prolonger ses jouissances. Ils réussissent beaucoup mieux en plein air que dans les lieux resserrés.

On multiplie les rosiers par les semis ; méthode longue & qui très souvent ne produit pas aussi beau que la fleur dont on a semé la graine. Par drageons ou rejetons c’est la plus sûre. On est sûr de les multiplier si on rabaisse les tiges, si on a travaillé le terrain tout autour des racines, & si on ajoute du terreau ou du fumier. Lorsque le pied a poussé plusieurs rejetons, on déchausse légèrement les racines & on sépare du tronc les rejetons enracinés. Cette opération doit avoir lieu en novembre dans nos provinces méridionales, & à la fin de l’hiver dans celle du nord. Quelques espèces de rosiers donnent difficilement des rejetons ; la rose muscate, par exemple ; mais comme cet arbuste pousse des tiges longues & hautes, on fait des couchées, & ces provins ne prennent racine qu’à la seconde, ou troisième année. La force de la sève qui se porte au sommet des tiges & qui les élance, n’en seroit-elle pas la cause ? J’ai essayé de faire une ligature sur la partie du provin qui devoit être enterrée, & elle a fourni des racines dans la même année, tandis que les couchées voisines n’en donnèrent point. Cette expérience eut lieu en Languedoc au commencement de novembre. Il faut simplement comprimer l’écorce par la ligature & ne pas la meurtrir. Il se