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que la verdure en soit un peu noire. Les abeilles recherchent avec avidité le miel contenu dans ses fleurs.

Dans les provinces du nord du royaume, il demande une exposition méridionale, & les romarins à feuilles panachées y deviennent les victimes des gelées lorsqu’elles sont un peu fortes. Ce fait prouve que la panachure des feuilles est une véritable altération de leur parenchyme, & une vraie maladie dans les plantes : cependant ces variétés, qui ne m’ont jamais plu, sont fort recherchées par les amateurs.

On fait d’assez jolies bordures en plantant à côté l’un de l’autre un pied de romarin & un pied de santoline ou garde-robe (voyez ce mot), & ainsi de suite. Le vert foncé du romarin contraste singulièrement avec le vert blanc de la santoline, & la totalité forme un ruban assez agréable à la vue : ce ruban demande souvent à être renouvelé, c’est-à-dire tous les trois ou quatre ans, parce que la végétation de ces deux arbrisseaux est très-inégale. Le pied de romarin dévore bientôt la subsistance de son voisin.

On multiplie le romarin par graines, ce qui est très-long ; par boutures tenues à l’ombre & souvent arrosées, & bien plus facilement par les rejets qu’il pousse du pied.


RONCE. Tournefort la place dans la seconde section de la vingt-unième classe, destinée aux arbres à fleurs en rose, dont le pistil devient un fruit composé de plusieurs bayes, & il l’appelle Rubus vulgaris sive rubus fructu nigro. Von-Linné la classe dans l’icosandrie polygamie, & la nomme Rubus fruticofus,

Fleur, en rose, composée de cinq pétales, obronds, ouverts, insérés au calice, ainsi que les étamines qui sont en grand nombre. Le calice est d’une seule pièce divisée en cinq folioles, en forme de lance, ouvertes, de la longeur à peu près des pétales.

Fruit, ressemblant à celui du mûrier, composé comme lui de petites baies rassemblées en têtes arrondies, sur un réceptacle conique, renfermant chacune une semence oblongue.

Feuilles, portées par un pétiole ; découpées en trois ou en cinq folioles, dentelées à leurs bords ; les pétioles sont hérissés d’aiguillons crochus.

Racine, ligneuse, serpentante.

Port, arbrisseau dont les tiges sont foibles, pliantes, s’élevant dans les haies, rampantes à terre, y prenant facilement racine ; les branches, les pédoncules, les pétioles couverts d’aiguillons crochus. Les fleurs disposées en grappes à l’extrémité des tiges ; les fruits rouges avant leur maturité, noirs quand ils sont mûrs ; les feuilles placées alternativement sur les tiges.

Lieu, les haies, les buissons, les champs ; fleurit en mai, juin & juillet ; son fruit mûrit en automne.

Propriétés médicinales ; âpre avant sa maturité, acidule quand il en approche, doux & un peu fade au point de sa maturité. Il est nourrissant, rafraîchissant, un peu astringent. Pris en une certaine quantité, il développe beaucoup d’air dans les premières voies, & donne souvent des coliques. Les feuilles & les jeunes tiges sont âpres, astringentes & détersives. On s’en sert en décoction & en gargarisme ; on prépare un sirop avec son fruit, qui n’a pas plus de propriétés que la liqueur extraite du fruit & édulcorée avec du sucre.