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des grains à peu prés de forme ronde & de la grosseur d’un pois. On les appelle proprement rocamboles :  : entre ces grains ou bulbes, paroissent des fleurs semblables à celles de l’ail commun, qui ne sont point suivies de graine. Leurs étamines sont divisées en trois. Les feuilles sont planes, crénelées, & ressemblent à des gaines tranchantes. Cette plante nous a été apportée d’Espagne ; elle a la saveur & l’odeur de l’ail, mais à un degré moins fort. On peut semer les tubercules du sommet de la tige, mais on perd une année. Quelques auteurs assurent qu’on obtient par leurs semis des oignons beaucoup plus gros ; ce qui n’est pas bien confirmé par l’expérience. Il vaut beaucoup mieux éclater un des oignons qui sert de racine, & le planter : on choisit communément le plus beau. Sa culture ne diffère pas de celle de l’ail, ainsi consultez ce mot.


ROMARIN. Tournefort le place dans la troisième section de la quatrième classe des herbes à fleur d’une seule piéce en lèvres, dont la supérieure est retroussée, & il l’appelle Rosmarinus hortensis, angustiore folio. Von-Linné le classe dans la diandrie monogynie, 8€ le nomme Rosmarinus officianilis.

Fleur ; en lèvres ; la lèvre supérieure retroussée, échancrée, renversée ; l’inférieure découpée en trois parties, dont celle du milieu est creusée en cuiller. La fleur n’a que deux étamines recourbées, plus longues que la lèvre supérieure ; les autres fleurs en lèvres, en ont quatre.

Fruit, quatre semences jointes ensemble, ovales, renfermées dans le calice.

Feuilles, simples, très-entières, linéaires, repliées par les bords, adhérentes aux tiges. Les feuilles plus larges ou panachées ne sont que de simples variétés.

Racine, menue, fibreuse, ligneuse.

Port ; tige de trois ou quatre pieds au moins, & même dont on se sert pour couvrir des berceaux dans les provinces méridionales ; divisée en plusieurs rameaux longs, grêles, articulés. Les fleurs naissent des aisselles des feuilles, & les feuilles sont opposées.

Lieu ; l’Espagne, nos provinces méridionales, l’Italie. Il fleurit en mai & juin.

Propriétés ; les fleurs ont une odeur aromatique forte, & une saveur médiocrement âcre ; l’odeur des feuilles est moins forte, & leur saveur est âcre & amère. Les fleurs & les feuilles échauffent beaucoup, raniment les forces vitales & musculaires, constipent, altèrent ; rarement elles détruisent les tumeurs musculaires chez les enfans. L’eau distillée de romarin ne l’emporte dans aucune espèce de maladie sur la plus légère infusion des feuilles ; elle ranime à peine les forces vitales. La conserve de romarin fatigue souvent l’estomac, échauffe beaucoup plus que l’infusion. Le miel de romarin convient dans l’asthme pituiteux, & sur la fin de la toux catarrhale ; c’est en grande partie avec cette plante que l’on fait l’eau de la reine d’Hongrie.

Culture ; dans les provinces du midi, où la grande chaleur ne permet pas de cultiver la charmille, le troène, &c. à moins qu’on ne puisse les arroser souvent & abondamment ; on fait des hauteurs d’appui avec le romarin, on en tapisse les murailles, quoi-