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émolliens, sont singulièrement utiles, parce qu’en relâchant les intestins, ils détournent l’humeur de la partie affectée.

Mais si le diaphragme vient à suppurer, l’abcès se rompt la cavité de l’abdomen est inondée de pus, qui venant à se putréfier, à s’amasser & s’accumuler de plus en plus, ronge les viscères, produit une consomption & la mort. M. BRA.


PLUIE. Eau qui tombe de l’atmosphère ; elle diffère du brouillard en ce que celui-ci n’est qu’une eau réduite en vapeur très-disséminée, & dont les gouttelettes ont une pesanteur moins considérable que la colonne d’air qui les soutient. Elle diffère de la brune qui n’est qu’un brouillard, dont l’eau vaporeuse est seulement un peu plus condensée que celle du brouillard ; aussi la bruine tombe-t-elle en gouttelettes très-fines, très-serrées ; elle diffère de la neige en ce qu’elle est dans un état de fluidité, au lieu que la neige est une goutte d’eau cristallisée, ainsi que de la grêle, qui est un assemblage de plusieurs gouttes d’eau glacées dans la région supérieure oc très-élevée de l’atmosphère.

La pluie est le résidu de l’évaporation de l’eau de la mer, des rivières, des fontaines, des étangs, de la transpiration des plantes, des hommes, des animaux, & de la terre qui les nourrit. Sans la pluie, sans les rosées, les règnes animal & végétal périroient, & le règne minéral n’opéreroit plus aucune cristallisation. Les lieux où il ne pleut jamais, ou du moins très-rarement, sont peu fertiles, à moins que des vents de mer n’entraînent avec eux une masse d’humidité qui redonne de la souplesse à l’air ; ces pays où les pluies sont très-rares, ont des plantes analogues aux climats, & qui se nourrissent presqu’entièrement par l’aspiration de leurs feuilles.

L’atmosphère est le réservoir général de toutes les émanations des corps vivans, ou qui se décomposent. La sublimation des fluides par l’évaporation forme les nuages ; mais cette eau en sublimation, qui traverse l’atmosphère, & qui est entraînée vers sa partie supérieure par les courans d’air, s’imprègne de ces exhalaisons, & fait corps avec elles. On a vu, à l’article air fixe, combien l’eau se charge promptement de l’air méphitique ou mortel. Ce qui s’opère dans nos laboratoires, s’opère bien plus en grand, & d’une manière plus exacte dans l’atmosphère, qui est un des grands laboratoires de la nature. (Consultez le mot Amendement) L’eau de la pluie n’est pas pure ; elle contient des corps étrangers, quoique ce soit une véritable eau distillée & réduite en vapeurs ; mais elle a passé, soit en s’élevant, soit en tombant, dans un milieu composé & chargé de particules très-déliées, & elle s’est combinée avec elles.

D’après cette théorie il est facile d’expliquer pourquoi la pluie, dans certaines circonstances, hâte si fort la végétation, tandis que dans d’autres elle devient inutile ; comment elle épure l’air, & le rend plus respirable pour tout ce qui a vie. À cet effet considérons la pluie suivant l’ordre des saisons. Dans l’hiver il se fait très-peu d’évaporation, parce que la chaleur n’est pas suffisante pour sublimer beaucoup de vapeurs, & ces vapeurs sont