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de l’air expiré. 8°. La respiration inégale, où les deux temps ne sont pas entre eux dans une juste proportion. 9°. Enfin la respiration sonore, accompagnée de bruit, de soupir ou de râlement.

Un danger plus ou moins pressant accompagne toujours ces dérangemens dans la respiration, & ils sont toujours d’un mauvais augure quand ils surviennent dans le courant des maladies aiguës. La respiration libre, naturelle & régulière est le signe le plus certain de guérison. Lorsqu’elle se soutient dans cet état, quoique les autres signes soient fâcheux, quoique le malade paroisse dans un danger pressant, on peut être tranquille, il en réchappera. Hippocrate regarde la liberté de la respiration comme l’annonce d’une issue favorable dans toutes les maladies aiguës, dont la crise se fait dans l’espace de quarante jours, & la respiration chaude ou fiévreuse, comme un signe de mort, moins certain cependant que la respiration froide, qui indique un mouvement violent des humeurs, & une inflammation considérable des poumons.

La respiration froide est la plus funeste de toutes, & on ne l’observe que dans ceux qui sont prêts à rendre le dernier soupir. Rarement voit-on réchapper des malades après un signe aussi pernicieux. C’est aussi un très mauvais signe que la respiration inégale, qui a lieu lorsque les mouvemens d’inspiration & d’expiration ne se répondent pas en force, en grandeur & en vitesse ; lorsque l’un est foible & l’autre fort, l’un petit & l’autre grand. Il en est de même de la respiration interrompue, qui n’est qu’une variété de celle-ci[1].

Il y a encore deux autres espèces de respirations sonores. Dans l’une, le bruit qui se fait entendre au gosier, imite le bouillonnement de l’eau, ou le son que rend le gosier des personnes qui se noient. C’est ce qu’on appelle râle, râlement ou respiration stertoreuse. L’autre espèce est celle qu’on appelle luctueuse, suspiritueuse. Chaque expiration est un soupir. Elle est toujours l’annonce d’un grand embarras dans les poumons, ou la suite d’une extrême sensibilité. Hippocrate regarde cette dernière espèce de respiration comme un très-mauvais signe dans les maladies aiguës. On l’a souvent observée chez des femmes vaporeuses, & qui réchappaient très-bien de la maladie dont elles étoient attaquées. M. AMI.


RESTAURANT. Médecine Rurale. Remède propre à donner de la force & de la vigueur.

On doit compter au nombre des restaurans ou analeptiques, les médicamens balsamiques, aromatiques, amers & astringens, qui semblent avoir, à un degré considérable, la faculté de remettre les organes affoiblis, en état de faire leurs fonctions.

D’après cela, il est aisé de voir que leur usage est très-étendu, & qu’ils conviennent très-bien dans le marasme, la cachexie & dans la fièvre lente. On les emploie encore avec succès dans le cas d’atonie, dans la foiblesse de la constitution, dans toutes les déperditions de subs-

  1. Dictionnaire des sciences.