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entrelacement les uns dans les autres. Il convient d’attendre leur dessiccation parfaite ; alors elles se séparent aisément, & on laisse ensemble celles qui offrent trop de résistance.

Revenons actuellement sur nos pas, & parlons des semis. On ne laisse grainer que les semi-doubles, dont les couleurs & la forme donnent l’espérance d’avoir une belle suite ; quelquefois les couleurs d’une fleur simple déterminent à la laisser grainer ; mais il faudroit réitérer plusieurs semis des graines provenues de la première ; la fleur semi-double a déja de grandes avances sur la simple. On ne veut aujourd’hui que de bizarres fleurs, à couleurs singulières, & il faut convenir que les semi-doubles que l’on cultive dans les environs de Paris, à Caen en Normandie, &c. offrent un grand nombre de belles variétés. C’est sur de telles plantes qu’on laisse mûrir la graine ; lorsqu’elle est à son point on en fait deux lots ; le premier est semé tout de suite, & le second au renouvellement de la saison l’année d’à près.

Pour le premier semis on choisit de larges terrines qu’on remplit de terreau pur, passé au tamis de crin ; on répand également la graine par dessus, & on la recouvre sur une épaisseur de deux à trois lignes avec le même terreau & avec le secours du même tamis ; ces terrines demandent à être placées dans un lieu bien aéré, frais, à l’abri des pluies & du soleil ; on fait par dessus la terrine un petit lit de paille hachée très-menu qui brise lors des arrosemens le coup de l’eau. La grille des arrosoirs doit être percée de trous très-fins, & fort éloignés les uns des autres : plusieurs fleuristes préfèrent d’arroser avec une espèce de goupillon. Le terreau demande à être maintenu frais, mais non pas très-humide. Lorsque les graines ont germé, on continue les mêmes soins, & à l’entrée de l’hiver, on porte les terrines dans un lieu où pénètre la lumière du soleil & où il ne gèle point. Au renouvellement de la saison, on lève de terre ces jeunes griffes & on les plante de nouveau dans un terreau bien enrichi, à la distance d’un pouce ou deux, & pendant toute la saison on leur prodigue les soins qu’elles demandent ; l’exposition la plus convenable pour ces plantes délicates, est celle du solejl levant, & jamais celle du nord, ni du couchant ; il est aisé d’en sentir la raison. Le second lot de graines qu’on sème au retour de la belle saison, doit être traité comme le premier, & devient une ressource assurée, si le premier semis à péri. Après la seconde année, les griffes provenues du semis, fleurissent, leurs fleurs sont encore de très-médiocre grosseur ; c’est à la troisième que le fleuriste fait son choix, & rejette impitoyablement toute plante qui ne donne aucun signe de perfection. La voie des semis est longue, il est vrai ; mais c’est par cette voie que les véritables amateurs augmentent chaque année le nombre des belles variétés ; une seule bien tranchante les dédommage amplement de toutes leurs peines ; il ne s’agit plus que de lui assigner un nom, il est au choix du possesseur.

Je ne rapporterai point ici le nom de toutes les renoncules. Il varie d’un lieu à un autre. D’ailleurs, on peut consulter à ce sujet les catalogues que les hollandois font passer chaque année aux ama-