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duiroit des accidens fâcheux, en déterminant sur les tégumens une inflammation très-vive & la gangrene.

Usages. Les racines récentes broyées jusqu’à consistance de cataplasme, sont appliquées sur la portion des tégumens où il faut établir une dérivation d’humeurs séreuses ; regardez d’heure en heure l’effet du cataplasme, afin de prévenir à temps sa trop vive action.


RENONCULE DES PRÉS. (Planche XXXVIII, page 569) Tournefort la nomme Ranunculus pratensis, repens hirsutus, & Von-Linné Ranunculus repens. Ils la placent dans la même classe que ci-dessus.

Fleur ; d’un jaune très-luisant & comme vernissées. A représente un pétale séparé ; B, les étamines ; C, le pistil ; D, le fruit ; E, la graine.

Feuilles ; découpées en trois parties principales, chaque partie en trois autres plus petites, & chacune dentée en manière de scie, les dentelures plus ou moins arrondies.

Port ; de la racine partent des tiges rampantes sur terre ; ces tiges poussent des racines à leur articulation, & à leur sommet naissent les fleurs ; les feuilles qui naissent sur ces tiges sont ordinairement linéaires & quelquefois dentées.

Racine ; tubéreuse.

Lieu ; les prés ; la plante est vivace, fleurit en juin & juillet.

Propriétés. Elle n’est pas malfaisante, comme le sont en général toutes les renoncules ; elle ne nuit pas aux troupeaux qui la broutent sans danger.

On l’a transportée des prés dans nos jardins, où par des soins assidus & par une culture suivie, elle est a donné la plante qu’on nomme bouton d’or, qui y tient une place distinguée par le brillant jaune de ses fleurs : on la multiplie de drageon, & elle brave les rigueurs des saisons. Si on néglige sa culture, bientôt les fleurs diminuent de volume, peu à peu elle redevient simple & rentre enfin dans les premiers caractères.


RENONCULE DES JARDINS, Il est inutile de la décrire, elle est trop connue, ou plutôt il est impossible de donner une idée précise de toutes les variétés que les semis ont produites. On peut dire que les cultivateurs de chaque province, de chaque pays, ont des variétés qui leur sont particulières ; les seules belles & tranchantes servent aux échanges & voyagent d’une province dans une autre.

Le père d’Ardenne de l’Oratoire, fit en 1753 imprimer à Avignon, chez Chambeau, un Traité des Renoncules ; c’est l’ouvrage le plus entier & le mieux fait sur cette plante. J’invite les amateurs qui désireront de grands détails, à se le procurer.

La première époque marquée de la gloire des renoncules, dit l’auteur, est celle du règne de Mahomet IV. Cara Mustapha, son Visir, connu par le siège de Vienne en 1662, fit préférer l’amour des fleurs à celui de la chasse. Le Souverain devenu fleuriste, obtint bientôt de Candie, de Chypre, de Rhodes, de Damas, tout ce que ces pays possédoient de curieux & de singulier en ce genre ; les Bostangis connoissant le goût du Sultan, multiplièrent leurs soins, & les jardins du sérail renfermèrent les plus belles fleurs, pendant long-