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le rein, par des coups violens, & par de fortes contusions ; elle dépend quelquefois d’un régime de vie échauffant, de l’abus des boissons fortes & spiritueuses, d’un exercice violent, d’un sommeil trop long, d’une vie trop oisive & trop sédentaire, de l’usage des viandes trop abondantes en suc nourricier & des vins tartreux, des efforts involontaires, d’une affection spasmodique dans les vaisseaux urinaires, & généralement de tout ce qui peut enflammer le sang.

Cette maladie est quelquefois héréditaire. Les mélancoliques, les grands buveurs, & sur-tout les goutteux & les libertins de profession y sont très-sujets ; souvent elle met fin à leur intempérance, & la crainte qu’ils ont d’en être de nouveau attaqués, devient pour eux un motif puissant qui les porte à changer de régime & de conduite.

Les indications que l’on doit se proposer pour traiter avec quelque succès la colique néphrétique, se réduisent, 1°. à calmer les douleurs, 2°. à adoucir l’âcreté des humeurs, du sang, & des urines, 3°. à favoriser & à déterminer le plutôt possible la sortie du gravier, ou à fondre les glaires qui peuvent embourber les reins.

La saignée du bras est le moyen le plus efficace contre les douleurs : c’est dans le principe de cette maladie qu’il faut le mettre en usage, & même le répéter si les douleurs persistent.

1°. On retirera le plus grand avantage de l’application des sangsues à l’anus, sur-tout si ceux qui sont atteints de cette maladie sont sujets aux hémorroïdes. Le dégorgement des veines hémorroïdales, en diminuant le volume du sang, apporte le plus grand calme & soulage singulièrement.

2°. On prescrira aux malades des tisannes adoucissantes, telles que l’eau de poulet, de guimauve, l’infusion théiforme des feuilles de pariétaire, une décoction d’orge & de réglisse, le petit lait nitré & édulcoré avec du miel de Narbonne.

La limonade légère est un remède qui opère toujours de bons effets, lorsque la colique néphrétique vient à la suite d’un exercice violent ou d’une marche trop long-temps soutenue.

3°. L’usage des demi-bains tièdes, souvent répété dans la journée, & l’application des fomentations émollientes sur le rein affecté, sont les meilleurs moyens que l’art puisse employer pour favoriser & déterminer le plutôt possible la sortie des graviers.

L’huile d’amande douce, l’huile de camomille & les narcotiques seront aussi employés avec avantage ; ils peuvent opérer un relâchement considérable & hâter la sortie des matières hétérogènes qui peuvent exister dans les reins.

Si malgré tous ces remèdes & les lavements émollients qu’on n’oubliera point de mettre en usage, la maladie se prolonge jusqu’au septième ou huitième jour, avec le même appareil des symptômes & la complication de fréquens accès de frisson & de mouvemens fébriles irréguliers, on doit craindre alors la formation d’un ulcère dans le rein affecté. Les malades sont pour lors plus abattus. Les urines qu’ils rendent, sont fétides & purulentes : en