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REINS (les), Médecine Rurale, sont au nombre de deux. Blasius dit avoir vu un sujet qui en avoit trois, savoir deux du côté gauche, & un du côté droit, & chacun avoit son uretère particulier.

Winslou les définit deux corps glanduleux, d’une consistance ferme & d’une couleur rouge-brun, placés dans la partie postérieure de la cavité du bas-ventre, dans les régions lombaires, hors du sac du péritoine & dans son tissu cellulaire, entre la dernière des fausses côtes & l’os des iles, l’un à droite & l’autre à gauche. Le rein droit est sous le gros lobe du foie, & par conséquent plus bas que le rein gauche qui est sous la rate.

Ils ressemblent assez par leur figure à une grosse fève de haricot. Ils ont chacun environ cinq à six doigts de longueur, trois de largeur, & un & demi d’épaisseur ; leur circonférence est convexe d’un côté & concave de l’autre. On distingue encore dans les reins trois sortes de substances ; la première est appelée corticale, la seconde, tubuleuse, & la troisième, mamelonnée. C’est dans ces trois substances des reins que l’urine se sépare du sang ; & ce n’est pas sans raison qu’on regarde les reins comme les émonctoires & les égouts du corps humain, Sennac nous apprend que le sang poussé dans les artères qui se distribuent aux reins, connues sous le nom d’artères rénales ou émulgentes, dilate les ramifications qui se répandent dans leur substance. Ces ramifications dilatées pressent le sang qu’elles contiennent, & le poussent vers les tuyaux qu’elles envoyent aux organes sécrétoires.

Mais comme les canaux qui filtrent l’urine & la déposent dans ces organes, sont plus étroits que les extrémités des artères sanguines, ils ne pourront pas recevoir la partie rouge ni la lymphe grossière ; mais la partie aqueuse y entrera ; la partie huileuse atténuée sortira par ces tuyaux, & conséquemment l’urine aura une couleur jaunâtre ; & comme les tuyaux sécrétoires des reins sont plus gros que ceux des autres couloirs, les matières terrestres & salines pourront y passer. C’est ce qui est prouvé par le sédiment qui se dépose au fond des vaisseaux où l’on met l’urine.

La sécrétion de l’urine est souvent dérangée, quelquefois même interrompue par des graviers ou des pierres qui se trouvent dans la substance des reins, & qui déterminent ou l’inflammation de ces deux viscères, ou une affection très-douloureuse, connue sous le nom de colique néphrétique.

Ceux qui sont atteints de cette dernière maladie, ressentent dans la région hypogastrique, dans l’endroit même ou le rein se trouve situé, une douleur vive, presque toujours accompagnée d’un état fébrile, & d’un sentiment de stupeur dans la cuisse du même côté. Cette douleur revient périodiquement, & devient de plus en plus rebelle & opiniâtre ; elle s’étend sur tout le trajet de l’uretère, de telle sorte que le testicule remonte vers le bas-ventre, & que l’urine que les malades rendent est par fois sanglante, par fois écumeuse, & très-souvent graveleuse.

La pierre & le gravier ne sont pas toujours les seules causes qui peuvent donner naissance à la colique néphrétique ; elle est souvent occasionnée par un amas de glaires dans