Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/652

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ou qu’elles aillent au-delà de six en France ; on les regarde comme une maladie, lorsqu’elles durent moins de trois jours ou plus de six.

Il est prouvé que les femmes qui travaillent beaucoup perdent moins.

Galien a observé que celles qui ne sont point réglées sont très-robustes & ont le pouls très-fort. Sennert nous apprend que les danseuses & les sauteuses ne sont point sujettes aux règles comme les autres femmes.

Sans doute que les fréquens exercices qu’elles font déterminent chez elles une transpiration des plus abondantes qui leur tient lieu de règles.

Voyons à présent quelle est la cause de ce flux périodique, & par quel méchanisme il a lieu. 1°. Certains médecins en ont attribué la cause à l’influence de la lune ; ce sentiment est démenti par l’expérience, qui fait voir les règles arrivées à certaines femmes de quinze en quinze jours, & à d’autres plus tard.

2°. Certains physiciens l’ont rapportée à un ferment dans la matrice ; Galien, au contraire, à la plénitude ; le sentiment de ce dernier paroît plus vraisemblable ; aussi les médecins modernes l’ont-ils adopté, & M. de Lamure, célèbre professeur de l’Université de Montpellier, y a eu recours, tant pour expliquer la cause que le méchanisme qui s’excite dans la matrice, pour opérer le retour & le flux périodique des règles.

Il pensoit que la véritable cause de ce flux étoit la pléthore, qui est universelle & particulière dans le temps des règles : il ajoute que la matrice est un corps spongieux, vers le fonds duquel il y a des cavités ou des sinus, qui d’une part communiquent avec les veines & les artères de ce viscère, & qui, de l’autre ; s’ouvrent par de petits orifices dans sa cavité. Outre ces sinus qui, hors le temps des règles, ne laissent échapper qu’une lymphe, on apperçoit dans le fonds de la matrice, tant en dedans qu’en dehors, des fibres musculaires qui entourent ces mêmes sinus, qui reçoivent le sang des vaisseaux les plus foibles. Le sang qui y aborde ne sera point_repoussé avec la même force qu’il y est arrivé, il se ramassera ; ces sinus acquerront un plus grand volume, jusqu’à ce que les fibres musculaires entrent en contraction ; alors le sang se trouvant pressé par des contractions très-fortes, passera dans les vaisseaux veineux qui sont dans des orifices qui s’ouvrent dans la cavité de la matrice. D’après cette explication il est aisé de voir & de sentir comment les règles peuvent être retardées, accélérées ou supprimées.

La première éruption des règles est presque toujours précédée d’un écoulement lymphatique plus ou moins abondant, & de quelques autres symptômes douloureux, tels que des douleurs dans les reins & les lombes, & au pubis. Il se fait un gonflement dans les parties génitales. Les femmes éprouvent dans le vagin un degré plus considérable de chaleur, de tension & de sensibilité ; elles pissent fréquemment, & l’urine excite sur les bords intérieurs des grandes lèvres un sentiment de chaleur & de cuisson : le sang se porte à la tête ; leur visage devient plus rouge ; elles sentent un battement extraordinaire dans les artères carotides & temporales ; le sein acquiert un plus gros volume ; les