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quï survient tous les mois aux parties de la génération. C’est même à cet écoulement périodique qu’elle a attaché la fécondité, quoiqu’il y ait plusieurs exemples de femmes qui sont devenues grosses sans avoir leurs règles. Hippocrate cite à ce sujet la femme de Gorgias.

La première apparition des règles varie beaucoup, tant à cause de la différence des climats & des pays froids ou chauds que les femmes habitent, que du genre de vie qu’elles mènent. En France, elles sont ordinairement réglées depuis l’âge de treize jusqu’à celui de quinze & seize ans ; dans les pays très-chauds, elles le sont quelquefois à l’âge le plus tendre : on lit dans les Mémoires de l’Académie des sciences, qu’une fille eut ses règles trois mois après sa naissance.

Mandelshof a vu une fille aux Indes qui fut réglée à trois ans, & accoucha à cinq. Il faut avouer que ces sortes de prodiges sont très-rares, & qu’il faut des siècles pour en produire de semblables. Rarement conçoit-on avant d’être réglé ? Rien de plus précoce, pour la fécondité & les règles, que les femmes des pays chauds ; on sait qu’elles éprouvent cet écoulement à sept, huit ou neuf ans : c’est d’autant plus vrai, que dans des climats froids, on a vu des femmes mériter le nom de mère à neuf ans. Joubert, célèbre médecin de Montpellier, & l’un des savants hommes de son temps, a vu, en Gascogne, Jeanne de Peirie, qui fit un enfant à la fin de la neuvième année ; Saint Jérôme nous assure qu’un enfant de dix ans engrossa une nourrice avec laquelle il coucha quelque temps, On lit encore dans l’écriture sainte, qu’Achas engendra Ézéchias à l’âge de dix ans.

Dans les pays froids, au contraire, les femmes sont à peine réglées à vingt, vingt-cinq ans ; & dans d’autres régions encore beaucoup plus froides, comme dans le nord, elles le sont rarement ; & dans le Groenland, elles ne le sont point du tout, à ce qu’on prétend.

Cet écoulement ne dure pas toute la vie ; mais il n’a pas un terme fixe. Elles en sont débarrassées à quarante, quarante-cinq, & même cinquante ans. Ce n’est pas qu’on ne l’ait observé dans quelques-unes, dans un âge plus avancé ; on en a vu qui ont fait des enfans à cinquante, cinquante-cinq, & même à soixante ans ; ce fait se trouve consigné dans les papiers publics.

Il est bien difficile de fixer la juste quantité de sang que les femmes perdent pendant le temps de leurs règles. Hippocrate la fait monter à vingt onces ; Gorter à six, en Hollande ; on l’a portée de quatorze à seize, en Espagne ; & à une, en Allemagne : Astruc étend en général cette évacuation depuis huit onces jusqu’à seize, quoiqu’il y ait des femmes qui perdent moins, & qu’il y en ait d’autres qui perdent davantage sans être malades ; & Sennac assure que les femmes du Languedoc perdent le plus communément de huit dix onces. La durée de cette évacuation périodique n’est point la même chez toutes les femmes, ni dans tous les pays ; Sthaal prétend que les règles coulent en Allemagne pendant une semaine, en Angleterre trois jours, & en Hollande quatre. Il est rare qu’elles ne soient pas de trois jours