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de très-bon effets dans cette maladie, les chevaux les prennent fort aisément, & sans même qu’on ait besoin de les y tenir, les bœufs exigent un peu plus de peine.

Article IV.

Remèdes qu’il convient d’administrer dans la pleurésie vraie.

La pleurésie étant accompagnée d’une douleur violente, d’un pouls vif & dur, la saignée est nécessaire. Lorsque ces symptômes sont manifestes, plus on saigne promptement, mieux le malade s’en trouve.

Il faut que cette première saignée soit assez copieuse, pourvu toutefois que l’animal puisse soutenir. Une forte saignée dans le commencement d’une pleurésie, fait infiniment plus d’effet que de petites saignées répétées plusieurs fois dans le cours de la maladie.

On peut tirer à un animal formé trois à quatre livres de sang, dès qu’on s’est assuré qu’il est attaqué d’une pleurésie. On en tire moins, bien entendu, à un animal plus jeune ou plus délicat.

Si après la première saignée, la violence des symptômes continue, il faudra, au bout de douze, ou de dix-huit heures, tirer encore environ deux à trois livres de sang. Si après cette second saignée les symptômes ne diminuent pas encore, & que le sang se couvre de la couenne, ou de la croûte dure dont nous avons parlé, il faudra alors une troisième saignée, mais dès que la douleur diminue, que le pouls devient plus mollet, que l’animal commence à expectorer & à respirer plus librement, la saignée n’est plus nécessaire. Ce remède est rarement utile après le troisième ou quatrième jour de la maladie, & passé ce temps, il ne doit point être employé, à moins que des circonstances prenantes ne l’exigent.

Par exemple, quoiqu’il y ait déjà plusieurs jours que la maladie dure, lorsqu’on commence à la traiter, si la fièvre & la douleur de côté sont encore violentes, si la respiration est difficile, si l’animal n’expectore point, ou s’il n’a point eu d’évacuation sanguinolente, il faut, sans s’embarrasser du jour, faire une saignée.

Au reste, on peut diminuer la viscosité du sang par beaucoup de moyens, sans avoir recours aux saignées multipliées : on peut même, sans leur secours, alléger la douleur de côté par différens remèdes.

Ces remèdes sont les fomentations émollientes, que l’on applique sur la partie malade, après la première ou la seconde saignée. Ces fomentations se font de la manière suivante :

Prenez fleurs de sureau, de camomille, de mauve, de chaque deux poignées.

Faites bouillir ces plantes, ou toutes autres plantes adoucissantes dans une quantité suffisante d’eau.

Mettez ces plantes ainsi bouillies dans un sac de toile, & appliquez-les toutes chaudes sur le côté.

On trempe encore une serviette ou un essuie-main, dans la décoction de ces plantes ; on l’étend sur le sac & on contient tout ce topique à l’aide de la couverture qui doit être habituellement sur le corps de l’animal, & cette couverture y sera pareillement assujettie, à l’aide