Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/625

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pée de rouge, surtout dans la partie qui sort de terre. La nervure de ses feuilles est d’une couleur plus foncée que celle de la précédente : on la cultive dans les mêmes provinces que la première, & on les sème ensemble.

La troisième variété que j’appellerai Rave de Mende ou des Cévènes, est plus aplatie à son sommet & à sa base que toutes les autres ; son écorce est noire, même dans la partie qui est enterrée. C’est à mon avis la plus délicate, la plus sucrée & la plus parfumée de toutes celles que je connois.

Toutes les espèces de grosses racines se rapprochent & participent plus ou moins aux qualités & formes de celles dont on vient de parler.


Des Radis.

Ils offrent de jolies variétés qui sont aux grosses raves ce que la prune de mirabelle est au perdigons, ou la pomme d’api aux calviles ou à la pomme reinette d’Angleterre. J’ignore le lieu & l’époque à laquelle le jardinage a fait cette conquête. Je ne pense pas qu’il y ait plus de 30 ans que ces espèces soient connues en France. Je les ferai connoître en traitant de leur culture.

§. II. Des navets. Rapa sativa, radice longá.

On a fait une grande confusion de mots à mesure qu’on a commencé en France à adopter la nomenclature des anglois, des allemands, &c. Qui s’imagineroit que les navets ou raves à racines charnues, grosses & longues, & qu’on cultive de temps immémorial dans nos provinces du centre du royaume, sont la même chose que le turneps des anglois, & que les papiers publics ont vanté depuis quelques années comme une espèce nouvelle, & dont la culture devient très-avantageuse. Ils ont eu raison, dans ce dernier point. Il en a été du turneps comme de la pomme de terre cultivée, depuis plus d’un siècle, très en grand & très-utilement en Alsace, en Franche-Comté, en Dauphine, dans le Lyonnois, le Beaujolois, tandis qu’à l’orient de la France, & près de Paris, son existence étoit inconnue. Il en a été ainsi pour la racine appelée de disette, qui n’est autre chose que la betterave blanche ou jaune, cultivée de temps immémorial dans la partie du Languedoc qui avoisine Castelnaudari. Parce qu’une plante n’est pas connue dans une province, on la regarde comme nouvelle, & on se hâte de publier des Mémoires. Je suis cependant bien éloigné de désapprouver leur publication ; il en résulte qu’une culture avantageuse, mais circonscrite dans un canton, devient plus connue & plus générale, autant que le climat le permet. Je ne connois point de plantes sur lesquelles le climat & le sol influent plus que sur les raves & sur les navets. Dans les provinces vraiment méridionales par le climat & non par la position géographique relativement aux autres provinces, la culture des raves & des navets devient nulle ou presque, nulle, ou du moins, ces plantes y prennent un caractère tout différent du premier, & se rapprochent bientôt de l’état agreste que le perfectionnement des espèces (consultez ce mot) leur avoit fait perdre sous d’autres