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d’oranges avec le sirop ; on ajoute ensuite l’esprit aromatique ; on agite encore, puis on verse le mélange dans de grandes bouteilles de verre ; On laisse reposer, on colle & on soutire cette liqueur comme ci-dessus. Il arrive quelquefois qu’une partie du dépôt reste sur la superficie de la liqueur : alors on agite le vaisseau de huit en huit jours jusqu’à ce que la totalité de ce dépôt soit précipitée. Le ratafiat de noyaux se fait également comme celui de fruit. Quelques personnes se contentent de jeter les noyaux entiers d’un certain nombre de pêches dans une quantité donnée de bonne eau-de-vie ; d’autres ajoutent à ce mélange des amandes concassées de noyaux de pêches & d’abricots. Après avoir laisse macérer le tout pendant un mois environ, on tire à clair & on ajoute le sirop de sucre. Cette liqueur est plus ou moins âpre & amère suivant la quantité de noyaux &t d’amandes, parce que l’eau-de-vie dissout la partie résineuse qui est nichée sur l’écorce de l’amande, ainsi que dans le bois du noyau de l’abricot surtout ; elle s’approprie également l’une & l’autre, & la liqueur est moins agréable. M. Dubuisson va parler.

Ratafiat de noyaux de péches. On rejette le bois des noyaux d’abricots, parce qu’il communique un goût désagréable à la liqueur ; on admet au contraire celui des noyaux de pêches, parce que la teinture qu’on tire du bois de ces noyaux, est non-seulement plus huileuse ; mais on remarque aussi, quand on jette dans l’eau-de-vie rectifiée ces noyaux sortans du fruit, que la teinture donne l’odeur & la saveur agréables de ce fruit & de la vanille. Or comme de ces principes balsamiques dépendent tout l’agrément & la majeure partie des propriétés de cette liqueur, pour mieux extraire ces principes, on verse dix pintes d’eau-de-vie rectifiée, dans une bouteille de quatre pintes, dont le goulot soit assez large pour laisser partir les noyaux, & dans laquelle on a soin de les jeter aussitôt qu’on les tire des pêches. Lorsque ce vaisseau est rempli, on verse la même quantité d’eau-de-vie rectifiée, dans une autre bouteille qu’on remplit également de noyaux de pêches, & ainsi de suite jusqu’à ce qu’on ait le nombre suffisant pour la quantité qu’on veut faire de liqueur. Puis on laisse infuser jusqu’à ce que l’eau-de-vie se soit chargée de l’huile essentielle des noyaux. Quand on veut accélérer l’opération de l’infusion, on jette le tout dans une cucurbite qu’on place dans son bain marie ; on lutte la jointure, 0n échauffe & on entretient le liquide pendant cinq ou six jours au soixante-dixième degré, de chaleur, & on agite autant de fois que la liqueur se refroidit, puis on laisse reposer ; on démonte le vaisseau, on soutire par inclination, & on verse sur le marc autant de chopines d’eau qu’on avoit de bouteilles remplies de noyaux & d’eau-de-vie. On fait encore infuser pendant cinq ou six heures ; on coule la liqueur à travers un tamis ; on rejette les noyaux comme inutiles ; on verse le dernier produit avec la teinture, & on y fait infuser une quantité suffisante de vanille qu’on a préalablement coupée par morceaux. Quand on veut passer à la composition, on fait clarifier autant de livres & demie de sucre qu’on a de pintes de teinture ; & lorsque l’écume est blanche,