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ment, qui sont suivis de chaleur, de soif & d’insomnie. Le médecin vétérinaire s’assure de son existence en passant les mains à rebrousse-poil sur les vraies & fausses côtes ; il distingue par là si le siége du mal occupe le côté droit ou le gauche, il juge de sa violence par le plus ou le moins de sensibilité que l’animal éprouve lorsqu’il le touche. Quelquefois la douleur s’étend jusque vers l’épine du dos ; quelquefois jusque vers les épaules ; d’autres fois jusque vers le poitrail. Cette douleur est toujours plus aiguë dans le moment où l’animal fait le mouvement d’inspiration, & lorsqu’il tousse, il se porte avec peine sur ses extrémités antérieures, & se plaint plus vivement chaque fois qu’il change de place.

Le pouls dans cette maladie est pour l’ordinaire vite & dur ; les urines sont rougeâtres. Le sang, après être sorti de la veine, se couvre d’une croûte dure. L’écoulement qui se fait par les narines, n’a d’abord aucun caractère ; mais il s’épaissit bientôt, & présente souvent une couleur sanguinolente.

Article III.

Régime qui doit être employé pour les animaux qui sont attaqués d’une pleurésie vraie.

La nature tente ordinairement de se débarrasser de cette maladie, au moyen d’une hémorragie, par quelques-unes des parties du corps ; ou par une expectoration abondante ; ou par la sueur, des déjections séreuses, ou par des urines très chargées, &c.

La marche du médecin vétérinaire est de seconder les intentions de la nature, en modérant l’impétuosité de la circulation, en relâchant les vaisseaux, en délayant les humeurs, & favorisant l’expectoration.

En conséquence, le régime doit être léger, rafraîchissant & délayant.

La boisson sera une décoction d’orge, elle se fait de la manière suivante :

Prenez d’orge perlé, une demi-livre.

Faites bouillir dans six pintes d’eau, jusqu’à réduction d’un tiers ; passez, & si le miel étoit du goût de l’animal, ajoutez-en plus ou moins.

La décoction de figues, de raisins secs & d’orge, convient également dans la pleurésie.

Quelle que soit la boisson que l’animal préfère, il lui en faut donner peu à la fois ; il faut au contraire ne la lui faire boire que par gorgées, & cela continuellement, afin qu’il ait sans cesse la bouche & le gosier humectés. Les boissons qu’on lui fera boire doivent-être toujours un peu chaudes ; il seroit même à désirer que les alimens qu’ils prendroient le fussent aussi.

L’animal malade doit être dans une température modérée, & le plus à son aise possible, ayant toujours sur le dos une légère couverture, bonne litière, & son habitation tenue très-proprement.

On doit lui donner plusieurs lavemens par jour avec les décoctions de graine de lin, ou des racines de mauve, de guimauve. On pourra mettre dans chaque lavement un gros de sel de nitre.

Les bains de pieds produiroient