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& employé à Montreuil. Rappeler s’entend des arbres qui, après avoir été quelque temps laissés un peu à eux-mêmes jusqu’à un certain point, à cause de leur trop de vigueur, sont par la suite tenus un peu plus court. On les rappelle alors ; c’est-à-dire on les soulage à la taille, on les rapproche un peu & on les décharge.


RAPPROCHER, RAPPROCHEMENT, dit M. l’abbé Roger, se dit des arbres & des palissades. Le rapprochement des arbres a lieu quand les arbres s’étant trop alongés du haut & des côtés, sont dépouillés du bas & du milieu ; alors on est obligé de tailler plus bas pour les regarnir. Mais ce rapprochement se fait par gradation, un peu dans une année, un peu dans une autre, en 3, 4, 5 ou 6 ans ; & voilà ce qui n’est rien moins qu’entendu dans le jardinage. On ne fait que tout sabrer d’abord, recèper, étronçonner, tout abattre ; voilà ce que l’on entend le mieux ; mais ménager de bon bois pour se reprendre dessus ; ravaler adroitement peu à peu, d’année en année, pour ne pas tout-à-fait épuiser un arbre à force de lui faire des plaies graves où souvent les chancres & la gangrene gagnent & carient les arbres ; s’attacher à tirer avantage de certaines pousses heureuses, inattendues & capables de renouveler tout l’arbre ; lui donner le temps de se remettre ; le remonter avec de bons engrais, quand il y a lieu de tout espérer encore d’un arbre vif d’ailleurs ; enfin se retourner habilement de diverses manières pour sauver un arbre qui offre encore des ressources ; voilà ce que l’on ignore ; on a plutôt fait d’arracher & de planter.


RAT, MULOT, SOURIS. Ces animaux sont de la même famille & d’espèces différentes ; il convient cependant de réunir dans un même article ce qui concerne leur destruction. Ces animaux sont trop connus pour perdre le temps à les décrire.

Les rats nuisent aux fruits qu’ils dévorent, ainsi qu’aux blés & autres grains farineux ; les mulots font beaucoup de mal dans les prairies, dans les terres, où ils creusent une multitude de souterrains ; les souris infestent les maisons & rongent tout ce qu’elles trouvent. J’ai fait un certain nombre d’expériences sur les souris & sur les rats, mais non pas sur les mulots. Les gros rats dévastent les colombiers, & mangent les pigeons qui sont encore dans le nid. Le seul moyen de prévenir leurs dégâts, est de rechercher attentivement les ouvertures par lesquelles ils peuvent s’y introduire, & de les boucher ou avec du fer blanc ou en maçonnerie. Pour les empêcher de monter par les angles du colombier (consultez ce mot), on a soin d’en couvrir une partie avec deux feuilles de fer blanc placées l’une sur l’autre, & encore mieux en établissant une saillie en pierre de six pouces de largeur qui doit régner à l’extérieur & autour du colombier. Ces moyens suffisent quand le colombier est isolé, à moins que les rats n’y pénètrent par dessous. Un carrelage bien fait & un rang de carreaux placés sur champ tout autour & bien joints, mettent à couvert de leurs tentatives.

Pour détruire les rats dans les greniers, dans les magasins à blé, on a la détestable coutume de mêler de l’arsenic avec de la farine. On s’en sert également contre les souris dans