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les vaches. Parmi les premiers, ceux qui sont le plus exposés à la pleurésie, sont les bœufs maigres & secs ; ceux dont le tempérament est bilieux, les pléthoriques sur-tout ; enfin ceux à qui la nature ou le travail a donné des fibres fortes ou élastiques.

Les animaux qui ont déjà essuyé cette maladie, contractent une disposition qui les y rend très-sujets par la suite, & il n’est pas douteux qu’elle ne soit pour eux des plus dangereuses. Le printemps est la saison dans laquelle on la voit le plus fréquemment…

Article Premier.

Causes de la pleurésie vraie.

La pleurésie peut être occasionnée par tout ce qui est capable de supprimer la transpiration ; en conséquence par les vents froids du nord, les boissons d’eau froide quand les animaux ont chaud ; ceux qui couchent & habitent dans des étables, ou des écuries humides, &c. sont exposés à cette maladie.

Les bœufs & les chevaux courent encore risque de la gagner, lorsqu’étant en sueur on les laisse exposes à l’air froid, ou qu’on les conduit dans de l’eau froide, ou que, pour les débarrasser de la boue & de l’écume dont ils se trouvent souvent couverts après leurs courses, on voit des cochers esclaves d’une routine meurtrière, mettre pied à terre, dépouiller leurs chevaux de leurs harnois, & jeter des seaux d’eau froide sous le ventre, sur les parties latérales de la poitrine, contre le poitrail & entre les jambes de devant, sur le dos, sur les reins, sur les flancs, entre les cuisses, & sur les quatre extrémités, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de boue, plus d’écume, & que l’eau qui en découle soit limpide.

Cette maladie peut aussi être causée par la suppression de quelque évacuation accoutumée, comme celle de vieux ulcères, de cautères, des eaux aux jambes, &c.

On a vu encore la rentrée subite de quelque éruption, telle que la gale, les gourmes, l’occasionner.

Les écuries & les étables trop chaudes, trop fermées, disposent encore singulièrement à cette maladie.

Enfin, la pleurésie peut être produite par les travaux excessifs, par les courses violentes qu’on fait faire aux animaux, & même par des coups sur la poitrine.

La seule conformation du corps de l’animal comme une poitrine trop étroite, & le peu de capacité des artères de la plèvre, rendent quelques animaux sujets à cette maladie ; de même, il n’est pas douteux que le cavalier qui profite du moment de l’expiration de son cheval pour le sangler, de toutes ses forces, ne diminue avec plus de facilité la capacité de la poitrine, que la sangle trop tendue n’en occasionne le resserrement, ne gêne les viscères qu’elle renferme, & ne soit une cause éloignée de la pleurésie.

Article II.

Symptômes de la pleurésie vraie.

La pleurésie, comme la plupart des autres fièvres, commence en général par le frisson & le tremble-