Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/601

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chandelle allumée, afin que le feu y prenne ; communiquez-le de suite a la plaie, égratignure ou contusion ; réitérez cette opération trois ou quatre fois.

2°. Faites ensuite un emplâtre avec de bonne thériaque, une bonne pincée de poudre de vipère, autant d’écailles d’huîtres calcinées & pulvérisées ; mettez cet emplâtre sur la plaie ou contusion ; ayez soin de la rafraîchir deux jours après ; laissez-le sur la plaie quatre ou cinq jours, observant de ne pas mouiller ladite plaie pendant que l’emplâtre y sera appliqué.

3°. Après l’application de l’emplâtre ci-dessus, la personne mordue par une bête enragée, prendra de suite une prise de thériaque, de la grosseur d’une grosse sève, délayée dans du vin blanc ou rouge, avec une bonne pincée de poudre de vipère, autant d’écailles d’huîtres calcinées & pulvérisées ; elle réitérera ce remède pendant trois ou quatre jours consécutifs, observant de prendre ce remède à jeun, & de ne rien manger ni boire pendant deux heures après l’avoir pris. On diminuera la dose pour les enfans.

II. Contre la piquure des serpens & des vipères.

1°. En attendant que le remède puisse être appliqué, faites, s’il est possible, une ligature au-dessus de la piqûre, afin d’empêcher que l’enflure ne fasse des progrès.

2°. Faites avec un canif ou avec la pointe d’un rasoir, ou avec tel autre instrument tranchant, une petite incision sur la piqûre ; il en sortira de l’eau. Brûlez ensuite cette piqûre trois ou quatre fois de la manière expliquée dans la recette précédente, article I.

3°. Appliquez sur la piqûre le même emplâtre indiqué dans la recette précédente, article II, avec cette différence, qu’il faudra le rafraîchir avec de la thériaque & avec les mêmes poudres, deux ou trois fois par jour, attendu la grande chaleur qui sera occasionnée par ladite piqûre.

4°. Après les opérations ci-dessus faites, avalez deux ou trois fois par jour, & pendant trois ou quatre jours consécutifs, le même remède indiqué dans la recette précédente, article III, observant toujours de ne rien manger ni boire que deux heures après avoir pris ce remède.

On lit également dans le Journal de Paris, du 28 du même mois & de la même année, une autre méthode bien simple, présentée par M. Roze.

Je me trouvois quelquefois, il y a cinq ans, à Amsterdam avec un anglois qui avoit passé toute sa vie à parcourir la terre par curiosité, & qui depuis est mort à Astracan.

Il me raconta que, se trouvant en Perse, dans un bourg dont je me suis peu soucié de retenir le nom, un chien enragé entra dans un attelier où l’on faisoit de l’huile. Il fit trois morsures aux jambes d’un ouvrier qui, en fuyant l’animal, se précipita dans une chaudière à moitié pleine de la matière qu’il préparoit. Son camarade vint à son secours, & assomma le chien. Mais dans le combat il fut mordu, sans tomber dans l’huile ainsi qu’avoit fait l’autre. Il en mourut & le premier n’en fut seulement pas malade. Le chien assommé avoit mordu d’au-