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rir à l’effet du traitement local ; mais on feroit mieux de l’employer en décoction : pour cet effet, on fait bouillir neuf ou dix feuilles de cette plante dans environ une livre & demie d’eau ; & on en fait prendre la moitié le matin à jeun, & autant le soir. Le régime de l’animal ne doit point être sévère ; il doit se borner à l’eau blanche, pour boisson ; à la paille, au son mouillé, à un peu de soin bien choisi, pour nourriture ; on ne doit pas oublier de le promener de temps en temps ; cet exercice est très-convenable à la circonstance.

Les effets souvent funestes du mercure donné sans méthode, la difficulté de trouver dans les campagnes des personnes en état d’en suivre & d’en diriger l’administration, la longueur du temps que ce traitement exige, l’impossibilité d’assujettir les animaux à un régime nécessaire, les inconvéniens qui résultent de ce remède, ont déterminé l’école vétérinaire à adopter, à préférer, après la quantité d’épreuves qu’elle a faites, un médicament très simple. Ce médicament qui ne consiste que dans une plante très-commune, qu’on cueille entre la nouvelle & la vieille saint-jean, est connue sous la dénomination de mouron rouge, anagallis flore puniceo. On prend la fleur & la tige de cette plante, on fait sécher le tout à l’ombre, on la conserve dans des sachets de toile épaisse, ou dans des boîtes garnies intérieurement de papier ; on la pulvérise, & on la donne à l’animal avec du sel & de l’alun : on peut aussi la faire prendre dans de l’eau commune ou dans une infusion de la même plante.

Ce remède est déjà tombé en désuétude depuis long-temps, nous ne voyons plus nos confrères s’en servir avec succès dans les cas qui se présentent ; nous les voyons adopter avec empressement le cautère actuel, & employer avec succès le spécifique, non seulement pour les blessures faites par des animaux enragés, mais encore dans le traitement de quelques fistules.

Avant de terminer cet article, nous devons encore avertir que si un bœuf, ou un autre animal domestique meurt de la rage ; il ne faut point le dépouiller, car sa bave, son sang pourroient communiquer la maladie à celui qui le toucheroit sans attention : il seroit encore moins sage d’en manger les chairs. Des auteurs assurent que le lait d’une vache parvenue au dernier degré de la rage, a communiqué la maladie. Il faut aussi, nous le répétons, avoir attention d’enterrer l’animal profondément. Les chiens, les loups qui le dévoreroient pourroient être exposés à la maladie, & devenir ainsi une source de nouveaux malheurs. M. T.

La rage est une maladie si terrible, qu’on ne sauroit donner trop de publicité aux remèdes qui ont eu un succès bien marqué. Les états généraux de Bearn, firent imprimer dans le journal de Paris le 14 juin, 1785 ; la méthode suivante.

I. Contre la morsure des chiens & autres bêtes enragées.

1°. Lavez, avec de l’eau de la Reine de Hongrie ou Sans-pareille, la plaie, égratignure ou contusion faite par la morsure de la bête enragée ; trempez un petit linge dans la même eau ; approchez-le d’une