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guéri une femme avec une combinaison de musc & de cinabre ; il fit appliquer un antispasmodique sur la partie affectée, composé avec le galbanum & l’opium, & fit frotter ensuite la partie mordue avec de l’huile d’olive ; enfin, il appliqua un cautère sur le bras affecté ; tous ces remèdes lui réussirent dans la première attaque ; ils eurent encore du succès dans la seconde ; mais ils furent infructueux dans la troisième. Neugans soupçonna alors que la nature s’habituait à ces remèdes il les changea, donna des antihystériques, & la guérit radicalement. M. d’Astruc, médecin de Provence, a guéri un enfant de dix ans, en faisant oindre l’endroit de la morsure d’un liniment où il fit entrer le camphre & l’opium, & en faisant boire, au jeune malade, quelques gouttes d’eau de luce ; il fit encore scarifier les bords de la plaie, qui étoient calleux, & y fit appliquer des topiques mercuriels. M. Sage recommande beaucoup l’usage extérieur & intérieur de l’akali volatil fluor ; & il constate par différentes observations qu’il rapporte, qu’on a guéri radicalement plusieurs femmes hydrophobes, avec ce seul remède. Cette méthode a déja eu des partisans célèbres & éclairés ; elle a eu en Espagne les plus brillans succès.

Les bains & l’immersion dans l’eau, sont en général regardés comme de très-bons préservatifs ; mais, comme le remarque très-bien Morgagni, ils guérissent rarement, & peuvent même être dangereux, quand l’horreur de l’eau est venue ; d’ailleurs, les immersions ne doivent avoir lieu qu’au moment où le malade s’y attend le moins ; elles peuvent alors produire un changement salutaire en agissant de deux manières ; 1°. par la terreur qui change de nature l’idée du principe vital qui constituoit l’affection hydrophobique ; 2°. par l’affusion qui pénètre tout le système : d’après ces principes, l’immersion doit être considérable, & souvent répétée.

Les arabes & les hongrois se servent beaucoup des cantharides. Vitmar, médecin de Milan, assure en avoir obtenu de grands avantages en les mêlant avec le poivre.

Le mercure peut être regardé comme spécifique dans cette maladie, parce qu’il opère, sans produire des salivations, des sueurs, & autres évacuations sensibles. Kleink assure qu’on peut prévenir le développement de la rage, en appliquant sur la plaie un digestif où l’on fait entrer le sublimé corrosif. On a encore regardé plusieurs remèdes comme spécifiques, tels que la noix vomique & les amandes amères ; mais ces spécifiques sont défectueux ; le musc & le mercure leur sont préférables. Enfin le docteur Meadconseille le remède suivant, comme un spécifique & un préservatif qui ne lui a jamais manqué, quoique dans l’espace de 30 ans il l’ait employé plus de mille fois. Prenez d’hépatique terrestre nettoyée, séchée & pulvérisée, demi-once, de poivre noir en poudre, deux gros ; mêlez, divisez cette poudre en quatre prises égales. On donne une de ces prises tous les matins à jeun, pendant quatre jours, dans un demi-setier de lait de vache. On fait saigner le malade avant de commencer, & le cinquième jour on lui donne un bain froid qu’il continue pendant un mois. M. AMI.