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excrétion qu’on prépare, en donnant au mode inflammatoire une activité médiocre & salutaire ; 2°. à l’expectoration & autres évacuations au moyen desquelles la nature chasse le résidu de la coction qu’elle a opérée.

1°. La saignée est le premier & le plus sûr moyen pour diminuer l’ardeur du mode inflammatoire. Triller conseille de la faire copieuse au commencement. Il seroit néanmoins dangereux d’abattre les forces de la nature, jusqu’à procurer des défaillances.

Il peut arriver que l’inflammation soit portée à un point, qu’il soit utile d’ouvrir à la fois les deux veines du bras, comme l’a pratiqué Huxham. Les saignées brusques conviennent en général aux gens robustes, mais elles pourroient être dangereuses aux personnes énervées. Pour ne pas tomber dans un pareil inconvénient, il faut observer quel est l’effet de la première, ou de la dernière saignée, & si elle ruine les forces, cause des défaillances, & attire le froid aux extrémités, il faut alors en empêcher la répétition. Si la fluxion inflammatoire se renouvelle, on répétera la saignée. La présence de la couenne inflammatoire ne doit pas toujours engager à répéter la saignée ; elle mèneroit trop loin si l’on vouloit y faire attention ; mais il ne faut pas donner dans l’excès contraire. 2°. L’expectoration est l’excrétion la plus générale & la plus ordinaire que la nature affecte. Il ne faut pourtant pas la forcer lorsque la nature ne veut pas s’y soumettre ; & quoiqu’elle soit pour l’ordinaire avantageuse, elle n’est pas toujours critique ; elle est quelquefois symptomatique, ou colliquative ; il faut alors l’arrêter, & la soutenir au contraire si elle a un caractère vraiment critique, & se garder de l’intercepter par la saignée & autres remèdes.

Les boissons tièdes, nitrées, pectorales, sont de la plus grande utilité dans cette maladie. Le nitre donné à grande dose, convient mieux que les acides, à causse de la toux que ceux-ci peuvent augmenter. L’oximel scillitique, la décoction de bourrache avec le miel, le kermès minéral donné avec le sucre, à la dose d’un quart de grain délayé dans ce qu’il faut d’eau, ou combiné sous forme de loock avec le sirop de lierre terrestre, sont les véritables expectorans qu’il faut employer, & dont on obtient du succès.

On appliquera sur le côté, toutes les trois heures, de l’avoine frite dans de bon vinaigre, ou bien la moitié d’un pain arrosé, sur le feu, avec de l’eau-de-vie. J’ai toujours eu de bons effets d’avoir fait frotter plusieurs fois le jour le côté affecté, avec un liniment composé d’une once de baume de Fioraventi, d’autant d’huile douce, & de vingt gouttes de teinture anodine. Si, malgré les saignées répétées, & l’application des topiques dont on vient de parler, la douleur au côté subsiste après le troisième ou le quatrième jour ; il faut alors appliquer un vésicatoire sur la partie affectée, rarement ce remède manque son effet, sur-tout s’il est appliqué d’assez bonne heure.

L’indication des vésicatoires est encore relative à l’imitation des procédés de la nature, qui a procuré dans certaines épidémies la solution