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qu’une seule fois, & encore sont elles alors très-dures & gâtées par les insectes.

4°. La bette-rave champêtre se conserve parfaitement pendant huit mois de l’année, & n’est pas aussi sujette à la pourriture que les turneps ou navets, qui, dès la fin de mars, deviennent filandreux, coriaces, creux & cordelés.

Les turneps & les autres navets manquent souvent dans les terres fortes ; la bette-rave champêtre vient par-tout.

6°. Le laitage provenant des vaches qui se nourrissent de navets pendant quelques jours de suite, contracte un gout désagréable ; celles qui mangent de la bette-rave champêtre, donnent du lait & du beurre d’une excellente qualité.

Ce bon fourrage vient au secours de tous les troupeaux, sur-tout dans le temps où la verdure, si utile & si nécessaire aux bestiaux, est encore rare.

Jamais le bétail ne s’en dégoûte ; il le mange toujours avec la même avidité. Dans plusieurs provinces de l’Allemagne, où on le cultive avec succès, on lui donne la préférence sur tous les autres fourrages, & l’on s’en sert pour engraisser la plupart des troupeaux de bœufs que les habitans de ces provinces viennent vendre tous les ans dans le royaume.


RACINE VIERGE. (Voyez Sceau de notre dame)


RADICAL. L’humidité jointe à la chaleur est le principe radical de toute végétation. Sans chaleur, point de décomposition ni de recomposition ; sans humidité, point de fermentation ni combinaison nouvelle de principes. Ainsi, quand la chaleur excessive a fait dissiper l’humide radical de la terre, & qu’on peut appeler Principe de vie de la végétation, toute plante souffre, se dessèche & meurt. Mais si avant ce point extrême, on lui redonne de l’eau, tous ses principes reprennent le mouvement & circulent dans la plante. Les élémens sont sans cesse opposés entre eux ; si l’un domine, les autres souffrent, ou plutôt la plante ou l’animal souffrent. Sans chaleur, l’humidité ne peut agir, dissoudre les principes salins, ni ceux-ci combiner ensemble les principes huileux avec les principes simplement aqueux ; en un mot, les matériaux de la séve ne peuvent se combiner. Si le froid est rigoureux, toute végétation est suspendue, & les plantes à tissu aqueux périssent. Si les plantes qui aiment les terrains secs, se trouvent, par des inondations, dans la même position que les plantes des marais, elles meurent ; & celles-ci subsistent foiblement ou avec la plus grande peine dans les sols secs & brûlés du soleil. Dans tous ces cas, & dans une infinité d’autres qu’il seroit facile de citer, c’est l’humide radical, le principe de vie, qui est attaqué ; cet humide radical est aux plantes ce que le principe de vie est aux hommes & aux animaux ; en un mot, c’est le principe sans lequel elles n’existeroient pas, & qui défend la plante contre les impressions des élémens. Sans l’eau, la sécheresse réduiroit en poudre tout végétal, & nulle végétation sans chaleur. Mais lorsque la chaleur & l’humidité sont en proportion convenable, & se tempèrent l’une par l’autre, alors l’humide radical agit dans toute sa force.