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la rigueur, lorsqu’on la forme, qu’un défoncement de six pouces, attendu que toutes les racines de ces plantes sont entièrement fibreuses & ne plongent pas. Il n’en est pas ainsi de l’esparcette ou sainfoin, & encore moins de la luzerne qui darde un pivot dont la longueur est souvent d’une toise si le sol lui convient. On ne peut pas défoncer à la profondeur d’une toise, le travail deviendroit trop coûteux, la profondeur de deux fer de bêche est cependant nécessaire, parce qu’il convient que pendant la première année le pivot soit dans le cas de s’alonger sans obstacle. Le sol d’une pépinière devroit être fouillé à la profondeur de trois pieds, si lorsqu’on lève le plan du séminaire on ne retranchoit pas le pivot. En un mot la longueur de la racine décide la culture qu’elle exige, & le jardinier ne bêchera pas aussi profondément pour planter une laitue, une chicorée, que pour des scorsonères, des panais, &c., si la terre de la superficie n’est pas plus épuisée que celle du fond.


Section II.

De l’organisation des racines.

Elle est en tout semblable à celle du tronc & des branches, c’est-à-dire, que les racines sont composées de l’épiderme, de l’écorce, du tissu cellulaire, des couches ligneuses, &c. Afin d’éviter les répétitions, consultez cet article, page 509 du troisième Volume, dans lequel on est entré dans le plus grand détail sur leur organisation. Elles en diffèrent cependant 1°, par un plus grand nombre de trachées ou vaisseaux disposés en spirale, ou du moins plus visibles que dans le tronc & dans les branches ; 2°. par la couleur de leur écorce, & par celle de la partie ligneuse ; l’une & l’autre jaune dans le mûrier ; l’écorce brune dans le cerisier, & le bois rougeâtre &c ; 3°. par leur dureté & solidité comparées à celles du tronc & des branches ; mais dès qu’une partie de la racine paroît au dehors, & reste pendant long-temps exposée à l’air, elle durcit presqu’autant que le bois des branches.


Section III.

De leurs fonctions.

Les animaux se transportent çà & là, afin de se procurer une nourriture suffisante ; quelques-uns, tels que les huîtres, les polypes, restent immobiles & attachés aux rochers qui les ont vu naître. La nature a multiplié dans leurs environs les insectes qui doivent les nourrir, ainsi l’instinct des racines, s’il est permis de se servir de cette expression, a quelque chose de plus parfait que celui de la famille des huîtres ; la racine est la pourvoyeuse, au moins en très-grande partie, des sucs qui formeront la charpente de l’arbre, qui faciliteront sa croissance & sa fructification. On ne peut pas dire qu’elles soient pourvues de sentiment, mais seulement d’irritabilité & d’attraction. En effets ce n’est pas d’après des idées nées du sentiment, à l’instar de quadrupèdes, des bipèdes, &c., qu’elles se dirigent plutôt d’un côté que d’un autre, mais par une attraction