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l’ordinaire ; que les glandes du mésentère sont très-engorgées, & quelquefois squirrheuses : le foie aussi squirrheux & adhérent au diaphragme.

Quant à la poitrine, on y trouve des attaches très-fortes des poumons avec la plèvre ; le thymus est très-gorgé ; les poumons sont à la vérité plus petits, mais les parois rétrécies de la poitrine s’opposent à leur accroissement. On les trouve en revanche surchargés d’humeurs, remplis de concrétions, & il y a quelquefois de petits abcès.

1o. Resserrer & fortifier les solides ; 2o. faciliter les digestions & corriger le vice des humeurs, sont les deux principales indications que l’on doit avoir en vue pour traiter avec quelque succès cette maladie.

Le régime est, sans contredit, le meilleur remède : mais il doit être léger & pris des alimens de bonne & facile digestion, assaisonnés comme il faut, & servis fréquemment aux malades, mais en petite quantité à chaque fois.

Un air pur & serein, un exercice & un mouvement modérés, sont aussi très-nécessaires.

Quant aux enfans qui sont encore à la mamelle, on leur fera prendre du lait avec modération ; & s’ils sont confiés aux soins de nourrices qui vivent mal ou qui les négligent du côté de la propreté, on en changera. L’été est la saison la plus avantageuse aux enfans rachitiques, sur-tout si elle est sèche ; c’est alors qu’il faut leur administrer des bains froids, afin de les rafraîchir, tout comme on doit les tenir chaudement en hiver. On leur frottera le dos tous les soirs avec de l’esprit de romarin ou avec de l’esprit de vin camphré. Les anglois emploient avec beaucoup d’utilité un liniment composé de deux onces d’huile de palme, d’un gros de baume du Pérou, & d’un gros d’huile de noix muscade ; d’huile de gérofle & succin, de chacun onze gouttes, & deux drachmes d’esprit de sel ammoniac ; avec lequel ils font oindre tous les jours les parties affectées.

On doit faire user aux rachitiques d’un vin médicamenteux qu’on peut préparer, en faisant infuser à froid des substances amères, toniques, apéritives & stomachiques, telles que le quinquina, l’écorce de caprier, d’absinthe, la gentiane, la germandrée, les feuilles & fleurs de bétoine, la véronique mâle, la racine d’enulla campana, & des cloportes ; mais pour en éprouver de bons effets, il faut long-temps insister sur son usage.

D’un autre côté, on ne doit point négliger des frictions sèches sur tout le corps de l’enfant, & sur-tout sur les parties malades ; & pour leur donner plus d’efficacité, on les fera avec des linges bien lessivés, & imbibés de la vapeur du succin ou de la fumée de certaines plantes aromatiques.

On peut encore leur donner de temps en temps quelques grains d’ipécacuanha, & leur faire faire usage d’une eau de rhubarbe, à laquelle on ajoutera quelques clous rouillés. En Angleterre, on prescrit aux rachitiques, trois fois par semaine, une poudre composée de cinq grains d’æthiops minéral & autant de rhubarbe pulvérisée, & deux grains d’espèces aromatiques. On sait que les martiaux sont aussi très-utiles. Le vin chalybé, donné à la dose de vingt, jusqu’à quarante gouttes, deux fois par jour,