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dans certains pays, de tenir les enfans emmaillotés & trop serrés avec des bandes. Qu’arrive-t-il ? qu’une pareille compression, en s’opposant à la libre circulation des fluides, empêche l’égale distribution du suc nourricier dans toutes les parties, & leur accroissement ne se faisant plus dans la même proportion, une partie acquiert trop de volume, tandis qu’une autre demeure petite, & comme atrophiée.

Dans le nombre de ces causes, il faut encore admettre le défaut de propreté, & d’une bonne nourrice. Les enfans se ressentent bientôt des qualités pernicieuses d’un lait fourni par une nourrice colère, ivrogne, intempérante, infectée de vérole, d’écrouelles, ou du vice tabifique ; qui cachera souvent aux parens sa grossesse, dans la crainte de perdre le salaire qu’elle reçoit tous les mois, pour la nourriture de l’enfant qu’on lui a confié, auquel elle donnera un lait gâté, empoisonné, qui sera bientôt pour cet infortuné, la source du rachitis, ou d’une infinité d’autres maux cruels.

Le rachitis dépend quelquefois des différentes chutes qu’on laisse faire sur le dos des enfans, & des fautes que les nourrices commettent journellement, en les portant entre leurs bras, dans une situation gênée qui leur tient l’épine du dos courbée, & les jambes inégalement tendues.

La mauvaise santé des pères & des mères est encore une des causes de cette maladie, surtout lorsqu’ils sont d’une constitution foible, & relâchée, qu’ils mènent une vie oisive, molle & sédentaire, & ne se livrent à aucun genre d’exercice ; lorsqu’ils se nourrirent d’alimens grossiers, visqueux, & de difficile digestion ; toutes ces choses concourent à leur faire procréer des enfans foibles, valétudinaires, qui seront infectés du rachitis, ou de toute autre maladie également pernicieuse.

L’existence des fleurs blanches dans les mères, est une autre cause que Wansvieten regarde comme très-énergique : les enfans, dit ce célèbre médecin, conçus d’une mère sujette à des fleurs blanches opiniâtres & acrimonieuses, sont attaqués d’un rachitis très-malin, & qu’on n’a encore guéri que très-rarement jusqu’ici.

La petite vérole, la rougeole, une dentition difficile & douloureuse, la présence des vers dans les premières voies, la répercussion de la gale, de la teigne, des dartres, & autres maladies cutanées, la coqueluche & la foiblesse naturelle du tempérament, disposent au rachitis.

Il conste par l’ouverture des cadavres des rachitiques, que cette maladie porte des impressions fâcheuses sur tous les viscères, & y laisse les vestiges du plus grand désordre. En effet, on trouve dans le crâne, une extrême dilatation des vaisseaux de la tête, le cerveau d’un volume extraordinaire, des épanchemens entre sa substance corticale & la dure & la pie-mère, des adhérences entre les différentes parties, & les sutures des os de la tête désunies & très-dilatées. Si on ouvre le conduit des vertèbres, on y trouve aussi des engorgemens entre la moëlle épinière & ce même conduit.

Il paroît évidemment que tous les viscères du bas-ventre, & sur-tout le foie, sont beaucoup plus gros qu’à