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acrimonie existante ; de priver les humeurs du reste de cette sérosité dont elles pouvoient n’être que déjà trop dépourvues ; d’augmenter les inflammations, &c.

Les autres purgatifs ont beaucoup plus d’activité, leurs effets sont aussi plus vifs & plus marqués ; mais ils ne conviennent qu’autant qu’on n’a pas à redouter l’agitation trop grande du sang ; qu’il s’agit de le diviser, d’en accroître le mouvement, de faire sur les canaux obstrués des efforts qui surmontent la résistance qu’ils opposent à la liberté de la circulation ; de provoquer la sortie des sérosités superflues ; d’entraîner au dehors une pourriture dont le transport dans la masse du sang la pervertit toujours de plus en plus, &c.

Enfin les derniers de ces médicamens, tels que le turbith végétal, le diagrède, la gomme-gutte, l’ellébore, la gratiole, &c, infiniment plus irritans encore que ceux-ci, évacuent plus copieusement ; ils agitent, ils atténuent plus puissamment le sang ; on n’y a recours que dans les cas où les purgatifs moins actifs seroient insuffisans ; où les fibres étant dans une sorte d’insensibilité & d’inertie, on ne doit point être arrêté par l’appréhension d’une irritation trop vive & de l’ébranlement violent du genre nerveux ; où l’on se voit dans l’obligation de vider considérablement, d’expulser les matières épaisses & gluantes qui corrompent le chyle, & qui donnent lieu au relâchement des fibres du ventricule & du canal intestinal, &c. : mais s’ils ne sont pas administrés à propos & avec prudence & ménagement, ce ne sont plus que des substances corrosives, incendiaires, capables de déchirer les membranes des intestins ; de dépouiller les humeurs de leurs parties les plus fluides ; de dissiper la matière des esprits animaux & des sécrétions ; de précipiter les vaisseaux dans l’inanition, & la mort la plus douloureuse en est la suite.

L’opération des uns & des autres de ces évacuans est ici bien plus lente que dans l’homme, du moins en ce qui concerne les animaux d’un certain volume & d’une certaine masse. Dans le cheval, par exemple, elle ne se manifeste que quinze, dix-huit, & même vingt-quatre heures après que ces remèdes lui ont été donnés ; parce que plus l’étendue de ses intestins & des vaisseaux que les particules purgatives ont à parcourir en lui, est considérable, plus il leur faut de temps pour agir. On peut donc regarder cette lenteur dans leurs effets comme une nouvelle preuve de l’introduction de ces particules dans le sang, introduction déja constatée & démontrée dans les jumens & dans les vaches nourrices, comme elle l’a été dans les femmes qui allaitent, leur lait imbu de ces substances purgeant également les petits allaités.

Leur action est encore plus ou moins tardive ; 1°. selon leur genre ; celle des purgatifs les plus puissans, tels que les résineux, est moins prompte à raison de la matière qui embarrasse les parties actives, & qui s’oppose à leur développement subit ; 2°. selon la qualité sèche ou humide du fourrage dont les animaux sont alimentés, ceux qui sont nourris au vert étant plutôt sensibles à l’impression des purgatifs, que ceux qui sont constamment nourris au sec ; 3°. selon la délicatesse de l’animal, selon le plus ou le moins