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celles qui étoient bonnes & utiles n’ont-elles pas été soumises à leur action ? ne s’est-elle point exercée immédiatement sur les fibres nerveuses ? Leurs particules en s’insinuant avec célérité dans le sang qu’elles ont pu dissoudre & dépouiller par des sécrétions forcées de ce qu’il renferme de plus fluide & de plus balsamique, n’ont-elles pas épuisé & mis à sec les humeurs ? En un mot, les foiblesses, le dégoût, l’agitation, la fièvre, l’inflammation générale, & tous les accidens quelconques qui ont été une suite des purgatifs mal administrés, & qui n’ont que trop souvent conduit les animaux à la mort, ont-ils du être généralement, & avec raison, imputés à ces médicamens plutôt qu’à l’incapacité des hommes dans les mains desquels ils ont été, ce que seroient des armes sans celles d’un enfant ou d’un furieux ?

De pareilles idées avoient séduit nombre de médecins de l’antiquité dont les noms ont été célèbres, mais qui, à la vérité, ne connoissoient que l’élaterium & l’ellébore. La découverte d’une infinité de substances moins puissantes & plus analogues à la force & au tempérament de l’homme, jointe à l’utilité réelle de ces médicamens, dans le traitement du plus grand nombre des maladies dont il peut être atteint, a rassuré les médecins qui les ont suivis, & ne leur a pas permis de regarder, à l’imitation de leurs devanciers, les purgatifs comme des instrumens mortels. Un jour non moins heureux éclairant la médecine vétérinaire, elle cessera sans doute de renoncer à des ressources qui doivent lui être d’autant plus chères, que dénuée de celle des vomitifs, elle ne pourroit suppléer en aucune manière au défaut des évacuans dont il s’agit. Elle ne rejettera donc point désormais des moyens si utiles de rétablir les premières voies, souvent & à raison des maladies, même languissantes & infirmées par le manque d’énergie des sucs destinés à la dissolution des alimens ; de détruire les effets & d’exposer aux changemens considérables qui résultent du mélange de ces mêmes sucs viciés avec le sang ; de solliciter des révulsions utiles ; de dégager le cerveau ; de délivrer de tout embarras les viscères de l’abdomen ; de rendre au sang sa fluidité ; de faciliter la circulation dans les vaisseaux capillaires ; de ramener dans le torrent circulaire les liqueurs qui s’en écartent ; de débarrasser la masse du volume des humeurs qui la surchargent, &c.

Les purgatifs qu’elle peut adopter sont le polypode de chêne, les tamarins, le sel d’epsom, celui de sedlitz, le sel végétal, le sel de glauber, le nitre, la crème de tartre, la magnésie, le tartre vitriolé, la manne grasse, le catholicon fin, la rhubarbe, le sénné, l’aquila-alba, l’aloès, l’agaric, le jalap, le méchoacan, le turbith végétal, le diagrède ou la scammonée, la gomme-gutte, l’ellébore noir, la gratiole, la pomme de coloquinte, l’élaterium, les trochaïques alhandal, les extraits de coloquinte, de tithymale, &c.

Les premières de ces substances sont moins actives que les autres, & doivent obtenir la préférence dans la circonstance où il seroit d’un danger évident de raréfier la masse du sang & d’y porter le feu ; d’agacer des fibres disposées à l’éréthisme ou déja tendues, d’ajouter, par l’irritation, à une