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lante dans les gerçures du bois. On ne couchera dans cet appartement que plusieurs jours après, lorsque l’on sera bien assuré que toute l’humidité, suite de l’opération, a été entièrement évaporée. Si après un certain laps de temps les punaises reparoissent encore, on recommencera l’opération autant de fois qu’il sera nécessaire.

Le peuple se sert avec succès de claies d’osier qu’il place derrière le chevet du lit. Je désirerois que les claies environnassent le lit, & qu’elles ne touchassent ni aux rideaux, ni aux murs ; l’insecte se retire à la pointe du jour, & il cherche la retraite la plus prochaine & où il est le plus commodément. Si on veut les attirer encore mieux dans ces claies, il suffit d’en écraser une ou deux sur chacune, & l’odeur déterminera le choix dans leur retraite. Chaque jour le domestique enlève les claies, les secoue sur le plancher ou dans la cour, les punaises tombent & il les tue. Mais comme la punaise dépose souvent ses œufs dans ces claies, il est à propos de temps à autre de les passer à l’eau bouillante. C’est par ces soins sans cesse répétés que l’on parviendra à détruire un animal aussi fatigant & dont l’odeur est aussi révoltante.


PURGATION. Médecine Vétérinaire. Méthode purgative. Une malheureuse expérience nous a souvent convaincu qu’on expose la vie du cheval ou qu’on affoiblit son tempérament en lui administrant les médicamens cathartiques, lorsqu’on ne prend pas les précautions nécessaires pour en obtenir l’effet que l’on désire. La cause des désordres mortels que ces remèdes occasionnent, ne seroit elle pas dans ces mélanges bizarres & monstrueux que l’empirique apprête & dispense au hasard, & qui de plusieurs substances efficaces & salutaires en elles-mêmes, font éclore un nouveau genre de poison ? Ne résideroit-elle pas dans l’ignorance des doses convenables, eu égard à la nature & à la qualité de la matière employée, & eu égard à l’âge, à la force, & au tempérament trop souvent inconnu de l’animal auquel cette même matière a été administrée ? A-t-on toujours scrupuleusement observé les précautions indispensables que demande l’usage de ces médicamens ? A-t-il été soigneusement précédé de la saignée dans les cas où elle étoit nécessaire, des boissons humectantes & adoucissantes, ainsi que des lavemens émolliens, réitérés & propres a détremper, à évacuer d’avance une partie des excrémens grossiers, à détendre, à disposer les entrailles à l’action du remède & à ouvrir ainsi les voies sans douleur ? L’estomac qui a reçu la substance purgative n’étoit-il point farci d’alimens, & a-t-on eu l’attention de préparer l’animal trois ou quatre jours avant la médecine, en lui donnant moins de fourrage, en tenant devant lui de l’eau blanchie avec le son & le froment, en ne lui distribuant la veille du purgatif, que deux livres de foin pour son déjeûné & autant pour son dîné ? A-t-on eu soin de ne le pas laisser manquer d’eau blanche dans son après-dîné, de lui en remettre pour toute sa nuit, d’ôter toute la paille, tout le foin qui pourroit rester dans le râtelier, dans la mangeoire, de retirer sa litière de dessous ses pieds de devant, & de l’attacher de manière qu’il ne