peuvent subsister très-long-temps sens nourriture, puisqu’on en trouve de vivantes dans des maisons qui ne sont pas habitées depuis une, deux, & même trois années, Alors leur corps est presque diaphane, leur force foible & languissante. Mais comme la faim n’a point de loix, la plus vigoureuse mange la plus foible, & les araignées en détruisent beaucoup, Cependant dans cet état de langueur elles s’accouplent & déposent un très-grand nombre d’œufs qui germent dans la même saison ou au printemps suivant, s’ils ont été pondus près de la fin de l’été ou au commencement de l’automne. Plus on approche des provinces du midi, & plus la génération se multiplie : il en est de ces insectes, à peu près comme des charançons.
L’expérience a démontré que les odeurs fortes éloignoient les punaises. Aussi l’on a proposé avec enthousiasme les plantes de rhue, d’hyèble ou petit sureau, la serpentaire, le larruve, &c. : ce remède n’est que palliatif, & quand, dans la réalité, elles éloigneroient les punaises, ce ne seroit que pour autant de temps que l’odeur subsisteroit, & elles reviendront bientôt après ; mais il est démontré que ces odeurs puantes n’ont aucune action sur les œufs… On sait avec quelle activité les émanations mercurielles agissent sur les insectes ; dès lors on a proposé de frotter les coins des matelas, des gardes-pailles, les jointures des bois de lit avec de l’onguent napolitain. Quand même ces opérations produiroient l’effet qu’on désire sur les insectes, il est visible qu’elles, seroient dangereuses pour ceux qui coucheroient dans ces lits. On a vu souvent la salivation en être la suite. L’on doit conclure de la multitude de recettes qu’on a publiées à ce sujet, qu’aucune n’a une efficacité bien décidée sur l’insecte, sans être dangereuse à l’homme qui couche dans un tel lit. Les herbes à odeur forte, ont le désavantage de puer horriblement & d’émaner une grande quantité d’air fixe (consultez ce mot) qui vicie l’air atmosphérique que l’on respire. Si on admet que les odeurs fortes éloignent les punaises, il est clair que dans les villes elles passeront d’un appartement ou d’un étage à l’autre ; ainsi le voisin sera incommodé. Il faudroit que tous les habitans d’un quartier isolé dans une ville fissent au même jour, à la même heure, & pendant un temps déterminé, la même opération, ce qui est moralement impossible. On les chasseroit alors jusque dans les greniers & des greniers sous les tuiles, d’où elles redescendroient quand la mauvaise odeur seroit passée.
Le grand remède est l’extrême propreté, & pratiquée sans relâche. On doit commencer par démonter les lits, en passer les bois & toutes leurs parties à l’eau bouillante, qui agit également sur les œufs & sur les insectes ; faire la même opération aux rideaux du lit ; enfin avec une éponge imbibée de cette eau bouillante, frotter les murs, y faire entrer l’eau dans leurs trous, dans leurs crevasses, & s’assurer que toute la circonférence a été bien arrosée : la chose n’est pas aussi facile pour les planchers ; la seringue seule peut réussir & faire pénétrer l’eau bouil-