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ailes, celles de dessus, partie écailleuses, partie membraneuses ; les antennes minces, & plus longues que la tête, sont composées de quatre ou cinq articles ; sa trompe est creusée en dessous. En général ce genre d’insecte sent très-mauvais. Von-Linné fait mention de quarante-trois espèces que l’on trouve en Suède dans les maisons, les bois, les jardins, les champs. Quel doit donc être le nombre d’espèces répandues dans les autres parties du globe. La punaise domestique ou punaise des lits est la seule qui soit dépourvue d’ailes ; elle a une trompe avec laquelle elle suce le sang des personnes qui sont couchées. Ces insectes fuient le grand jour, craignent la lumière, & se retirent dans les gerçures, les fentes des bois de lits, dans les plis des coins des matelas, traversins, garde-pailles, dans les trous des murs faits en mortier ou en plâtre, ils préfèrent ces derniers, qu’ils abandonnent de préférence pour les séparations en bois. On dit mal à propos que le plâtre les engendre, parce que souvent on en trouve dans des appartemens replâtrés de nouveau, & où depuis long-temps l’on n’a pas couché. Avant d’avancer un tel fait comme positif, il faudroit s’être auparavant assuré, 1o. que les punaises n’y ont pas pénétré en venant de l’étage supérieur ou inférieur, ou à travers les cloisons & séparations des chambres voisines ; 2o. si les œufs n’ont pas éclos sous la légère couche de plâtre qui les recouvroit. J’ai été témoin que les petits qui en sortoient, perçoient cette couche mince, & qu’ils perçoient également deux feuilles de papier de tapisserie collées l’une sur l’autre. Le plâtre ni la chaux n’engendre point ces insectes, qui multiplient beaucoup & font des œufs très-petits. Il faut les examiner de bien près pour qu’ils n’échappent pas à la vue. On dit encore que les vernis tuent ces insectes, cela est vrai lorsqu’ils les touchent ; qu’ils font périr les œufs ; cela peut-être pour certains vernis, mais je sais par expérience que les vernis communs ne les font pas périr. Au contraire, ils les tiennent à l’abri du contact de l’air ; mais lorsqu’un an, deux ans ou trois ans après, ce vernis éclate, s’écaille, l’insecte éclôt. J’ai suivi cette opération avec l’attention la plus-scrupuleuse.

Les voyageurs s’imaginent se mettre dans les auberges à l’abri de l’importunité de ces insectes, en tirant les matelas de leur lit au milieu de la chambre. Si ces matelas n’en renferment point, ils sont en sureté de ce côté-là ; mais les punaises nichées dans les murs, grimpent jusqu’au plancher, le suivent de solive en solive, &, attirées par l’odeur de la transpiration de la personne qui dort, elles arrivent jusqu’au point du plancher qui correspond perpendiculairement sur le visage ou sur telle partie du corps du dormeur, qui est découverte ; elles se laissent tomber sur lui ; ainsi la précaution devient inutile. La seule ressource dans cette circonstance, est d’ouvrir tous les rideaux du lit & de tenir de chaque côté une ou deux bougies, chandelles, ou lampes allumées. La clarté de la lumière les empêchera de sortir de la cachette où elles sont nichées.

Il est constant que les punaises