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celui de pulsa ille & de coquelourde sans l’épithète de noirâtre. Voici en quoi elle diffère de la pulsatille commune, dont quelques botanistes n’ont fait qu’une variété.

Fleur : plus petite, penchée vers la terre, restant long-temps fermée ; les pétales se réfléchissant en dehors vers leurs extrémités. Sa couleur est d’un bleu foncé, ce qui la fait paroître comme noirâtre, car elle n’est point noire comme quelques-uns l’ont dit.

Feuilles : plus divisées, plus obscures, peu ou point velues.

Racine : alongée, inégale, fibreuse, vivace.

Port. Toute la plante a l’air plus sombre que la pulsatille ordinaire, l’aspect de sa fleur est moins agréable ; elle est inclinée sur sa tige, au lieu que l’autre est droite ; cette différence fait leur caractère. La fleuraison de celle-ci est plus tardive.

Lieux : dans les prés, en Allemagne, en Scanie, en France dans le Gévaudan, le Dauphiné, le Lyonnois, &c.

Propriétés. Toute la plante est âcre, la racine l’est moins.

Usages. Ce n’est que de nos jours qu’on a employé cette plante en médecine. Feu M. le baron de Storck, célèbre médecin de Vienne en Autriche, l’a fort vantée dans un petit Traité latin qu’il a fait exprès, où il rapporte des observations sur quelques maladies des yeux, la carie, les ulcères & les dartres guéries par l’usage de cette plante. MM. Bonnel, & de la Bragenesse, médecins à Mende, ont suivi plus particulièrement les effets de cette espèce de pulsatille dans les affections dartreuses ; d’après les observations qu’ils ont recueillies & publiées, ils ont cru pouvoir assurer que c’étoit ici le remède le plus efficace contre le vice psorique.

Toute la plante, hormis la racine, sert à faire un extrait & une poudre qu’on mêle avec du lucre, & qu’on donne de 10 à 30 grains à deux ou trois reprises par jour, en commençant par 3 ou 4 grains : on doit en continuer l’usage pendant quelques mois, suivant le besoin. On en tire aussi une eau distillée fort âcre, & qu’on prescrit chaque fois à la dose de demi-once & pendant long-temps, ce qui peut varier selon le cas & le sujet. M. Bonnel emploie quelquefois la jusquiame & la ciguë en lotion sur les parties affectées de dartre, pour seconder l’effet de la pulsatille noirâtre.

On nous pardonnera si nous avons tant insisté sur ces deux puslatilles. Tout est de rigueur quand il s’agit de distinguer des plantes d’un même genre, qui ont des vertus si différentes ; & quoique la pulsatille noirâtre soit encore peu en usage, elle pourra être un jour plus employée que la pulsatille ordinaire. Nous n’avons pas hésité à lui donner une place dans ce Dictionnaire, parce que c’est une plante que les gens de la campagne auront, en quelques pays, facilement sous la main, & dont ils pourront fournir les apothicaires. Elle peut devenir précieuse au peuple, en tant qu’elle servira à combattre une maladie qui lui est aussi commune que rebelle, & qui se propage dans lei familles par le vice du sang. A. X.


PUNAISE. Cimex en latin. On donne ce nom à un genre d’insecte qui a trois articles aux tarses, quatre