Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/525

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

& leurs œufs ne sont pas détruits ; chose d’autant plus essentielle que ces petits animaux se reproduisent dans les 24 heures[1] ».

Le moyen proposé par M. Thosse est sans contredit le meilleure de tous ceux qu’on a annoncés jusqu’à ce jour. Je suis fâché que la saison soit trop avancée & m’empêche de répéter son expérience.


PUITS À CHAPELET ou NORIA, PUITS À ROUE, ou SEIGNE, en Provence & Languedoc. C’est des maures que les espagnols ont emprunté la dénomination de noria, & sans le secours de cette mécanique qui fournit beaucoup d’eau, il seroit très-coûteux, & pour ne pas dire presque impossible d’arroser de grands jardins dans les provinces méridionales où la grande chaleur & la grande évaporation forcent à recourir à l’irrigation ; (consultez ce mot) tout autre arrosement à bras seroit ruineux & de bien peu d’utilité.

La noria n’est pas uniquement destinée à fournir l’eau nécessaire aux jardins, elle peut encore être d’un grand secours pour l’irrigation des prairies, si la source, le puits, &c. dont elle tire l’eau, en fournissent abondamment. On sent fort bien qu’il est très-possible, si le cours des vents est réglé dans le pays, de supprimer le cheval qui fait tourner la roue, & de suppléer sa force par celle des ailes d’un moulin à vent, ou par le courant d’un ruisseau assez profond, en supposant une roue horizontale qu’il feroit mouvoir, & qui, par un équipage convenable, s’adapteroit à la roue qui monte les seaux.

Les propriétaires de vastes jardins, soit potagers, soit d’agrémens, où l’on est obligé d’arroser à bras d’hommes, trouveront une grande économie à construire une semblable machine : il est facile d’entretenir & de remplir par son moyen, de très-grands réservoirs, de grands canaux qui serviroient autant pour la décoration que pour l’utilité. L’expérience m’a démontré qu’une seule qui travaille alternativement pendant deux heures consécutives, & se repose tout autant, élève par jour, & de dix pieds de profondeur, une quantité d’eau suffisante pour remplir un bassin de 36 pieds de longueur, 12 de largeur & 6 de profondeur. Si une mule relève l’autre lorsqu’on la sort du travail, si pendant plusieurs jours de suite & sans interruption, elles continuent à monter l’eau, il est aisé de calculer l’immense quantité d’eau qu’elles procurent : heureux si le vent peut suppléer le travail des animaux ; on n’aura d’autres dépenses que celles de l’entretien de la machine qui agira autant pendant la nuit que pendant le jour.

Ceux qui employent la noria, ont trouvé un expédient bien simple au moyen duquel ils sont assurés que les mules, les chevaux, &c. destinés à tourner la roue, ne s’arrêtent jamais pendant les deux heures que leur travail doit durer ; autrement

  1. Comme vivipares & non pas par des œufs, ceux qui se perpétuent d’une année à l’autre, se retirent sous des abris pendant l’hiver, y restent engourdis, & reprennent leur vigueur aux premières chaleurs.