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quer. Une table, une planche, un carreau, sont susceptibles de contenir une si grande quantité de noyaux, que je ne vois pas pourquoi on économise si fort le terrain. Cependant le cultivateur ne doit pas perdre de vue que plus le semis est avancé pendant la première année, plus le sujet deviendra fort quand il sera placé en pépinière, & plutôt il sera en état d’être bien greffé.

Le choix dans l’espèce de prune à semer n’est pas indifférent ; on doit préférer celle dont la végétation est la plus forte en bois. Si on sème des mirabelles, par exemple, on n’aura jamais que des arbres fluets, c’est-à-dire, qu’il ne se trouvera aucune proportion entre la végétation du sujet & celle de la greffe. De là naissent ces bourrelets dans l’endroit où l’insertion de la greffe a été faite. Un tel arbre est toujours défectueux, il prospère rarement, & l’amateur le jette au feu.

Comme il n’en coûte pas beaucoup pour les semis, rien ne s’oppose donc à choisir les espèces de prunes qui produisent des arbres forts, vigoureux, & dont les fleurs nouent facilement & donnent beaucoup de fruit, soit en plein vent, soit en espalier. De ce nombre sont le damas d’Italie ;… les damas de septembre ;… la prune monsieur ;… la royale de Tours ;… la prune suisse ;… la royale ;… la grosse reine-claude ;… l’abricotée ;… l’impériale violette ;… la diaprée rouge & la sainte-catherine. Il n’est point de cultivateur qui ne soit en état de sacrifier quelques paniers de prunes pour se procurer de beaux sujets. Il est bon d’observer que les noyaux de prunes de damas & de perdrihons, perpétuent leurs espèces sans le secours de la greffe. Mais si cette opération retarde en général la forte poussée des arbres (consultez le mot Châtaignier), elle en perfectionne le fruit. Ainsi ce que l’on perd d’un côté, on le regagne de l’autre, & comme le bois de prunier n’est pas destiné à la charpente, il est toujours prudent de greffer ces espèces, afin de s’assurer de la qualité de leurs fruits, de leur bonté & de leur grosseur.

Les pépiniéristes ne seront pas de mon avis sur le choix des noyaux qui doivent ensuite donner des sujets pour la greffe. Presque tous préfèrent les sauvageons des pruniers saint-julien & cerisette… Le baron de Tschoudi, à l’article Prunier, dans le Dictionnaire Encyclopédique, dit, « on ne sème que les pruniers propres à recevoir les greffes des bonnes espèces, savoir, le saint-julien, la cerisette[1], le gros & petit damas noir, & en un mot les pruniers sauvages qui ont l’écorce mince & facile à lever, & qui sont vigoureux & pleins de sève. Les cerisettes & les damas conviennent aux pruniers d’une taille médiocre, & le saint-julien aux grands pruniers & à ceux qui portent de gros fruits. On greffe aussi ces derniers sur des abricotiers, pêchers & amandiers de noyau ; le fruit en est plus beau & meilleur, & les arbres n’ont pas l’inconvénient

  1. Note de l’Éditeur. Je n’ai pas parlé de ces deux espèces parce qu’elles ne méritent pas de trouver place contra un espalier ou dans un verger.