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auquel on auroit pu en ajouter beaucoup d’autres, on doit distinguer, celles qui sont vraiment bonnes & excellentes à manger, & celles dont on retire du fruit un très-fort bénéfice en le convertissant en pruneaux on en grignotes. Les autres sent plutôt un luxe de la nature, qu’un présent bien réel ; un propriétaire, même aisé, doit être plus flatté d’avoir de beaux arbres & de bonnes espèces, que de multiplier celles qui, sans une valeur décidée, n’ont de mérite que le nombre.

Les prunes bonnes à manger sont les précoce de Tours ;… damas violet ;… damas rouge ;… damas dronet ;… damas d’Italie ;… damas de Maugeron ;… prune monsieur ;… royale de Tours ;… prune suisse ;… perdrigons blanc ;…. perdrigons rouge ;… royale ;… grosse reine-claude ;… abricotée ;… grosse mirabelle ou drap d’or ;… impériale violette ;… impératrice violette ;… sainte-Catherine. Si on trouve ce nombre trop considérable, on peut le restreindre à celui qui donnera des prunes pendant toute la durée de ces fruits ; la grosse mirabelle ;… la grosse reine-claude ;… le damas violet ;… l’impératrice ;… la sainte-catherine ;… la grosse reine-claude est à préférer à toutes les autres.


CHAPITRE IV.

De la culture du Prunier.

1. Du sol & de exposition. Tous les terrains conviennent au premier, excepté ceux qui sont trop argileux, crayeux, marneux, en un mot qui retiennent trop l’eau. Il réussit mal dans les sels trop sablonneux. Les pruniers se plaisent dans les terrains légèrement frais, & sur-tout dont la couche végétale est profonde & facilement perméable aux racines. Ils ne réussissent pas si bien dans les terres maigres, dans les aquatiques ; leurs troncs, leurs tiges sont chargés de lichens & de mousses (consultez ces mots), & ces plantes parasites les font paroître comme lépreux lorsque la première domine.

Les auteurs ne sont point d’accord entr’eux sur l’exposition qui leur convient. Les uns exigent l’est ou le sud-est, ou le nord, ou l’ouest, & presque tous lui interdisent celle du midi. Ces auteurs ont sans doute été invités à préférer l’une de ces expositions par quelques circonstances locales qui ont influé sur la végétation de l’arbre.

À l’exposition en plein nord la prune mûrit, mais elle est moins savoureuse, moins sucrée, moins colorée, quelquefois plus grosse ; son grand avantage est de mûrir souvent quinze, vingt, & vingt-cinq jours après les autres. Alors l’exposition opère de la même manière que le feroit un climat froid, soit par son élévation, soit par son peu d’intensité de chaleur. Dans un jardin, on a des murs exposés en plein nord, il faut les tapisser de verdure, les pruniers & les pommiers sont en général les arbres qui y souffrent le moins ; il est bon cependant d’observer que la face de ces murs tournée contre le midi, s’échauffe, que la pierre conserve long-temps sa chaleur, & qu’elle la communique en partie à la face exposée au nord. C’est peu de chose à la vérité ; mais ce peu doit être compté, puisqu’on verra une différence dans la végéta-