sur la partie de la pressée, contre laquelle ils la pressent & l’assujettissent par le moyen du marc nouveau de deux ou trois bannes que l’on jette. Sur cette première couche qui se trouve renfermée comme du raisin dans un panier, on établit dans le même ordre un second lit de paille qui la recouvre en entier & qui la déborde, comme la première débordoit la maie, afin qu’elle serve à son tour à recouvrir le marc nouveau dès qu’il aura 8 à 9 pouces dé hauteur, & ainsi de suite jusqu’au complément de l’élévation de la pressée. Ces lits de paille font l’effet des tirans, ils donnent de la solidité à la masse totale & empêchent que les bords ne se détachent du centre pendant que la pression agit. L’usage de cette paille n’est pas aussi essentiel lorsque le raisin n’a pas été égrainé ; cependant je conseille de ne pas le négliger, au moins pour deux ou trois rangs.
Si on se hâte trop d’élever la pressée, si les ouvriers ne la piétinent pas autant qu’ils le peuvent, lorsqu’elle est basse, s’ils ne la serrent pas avec le poing & par-tout & sur-tout sur les bords lorsqu’ils l’élèvent, enfin, s’ils ne donnent pas le temps au vin de s’écouler, loin de gagner du temps on en perdra beaucoup ensuite, parce que cette pressée mal conduite dans son principe se crevassera de tous côtés : on aura beau déserrer, couper & recouper, elle crevassera jusqu’à la fin & elle ne sera jamais bien serrée. Lorsque cela arrive, ce qui n’est pas rare, les ouvriers disent que de méchans voisins, des jaloux leur ont jeté un sort, & ce fort tient à leur mauvaise manipulation. Il y a vraiment un art pour bien monter une pressée. Il s’agit actuellement de la charger, & cette opération a encore ses difficultés ; car si elle ne l’est pas exactement, & autant en équilibre que faire se peut, un des côtés du marc est plus pressé que l’autre, ou bien le marc est poussé tout d’un côté par la pression.
Lorsque tout le cube du marc est élevé, on place deux barres de 3 à 4 pouces de largeur & un peu moins longues que la maie. Ces deux barres ne sont pas représentées dans la Figure de la Planche XXVI. On les place sur le marc à une distance égale & au moins à 10 ou 12 pouces de ses bords, elles servent à supporter les manteaux TT, nommés planches dans la description du pressoir à étiquet ; ces manteaux sont deux pièces de bois de 3 à 4 pouces d’épaisseur, égaux entre eux en largeur, longueur & épaisseur ; maintenus dans leurs parties supérieures par des traverses fortement clouées ou chevillées, qui empêchent que le bois ne se déjette. Les manteaux sont placés de manière qu’ils ne débordent pas plus d’un côté que d’un autre.
Pour bien monter une pressée, il faut absolument que le propriétaire, & celui qui le remplace, soit sur le sol du cellier & dirige l’opération. Voici un moyen facile de le mettre à même de juger si chaque pièce est mise à la place qu’elle doit occuper. Au milieu de l’écrou CD de la même figure, & sur la face antérieure & à la partie qui correspond au centre de la vis, on fait un trait ; si de ce trait on laisse pendre une ficelle avec son plomb, on verra qu’il correspond vis-à-vis & juste au milieu de la gouttière par laquelle