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posé que de l’arbre gissant ou dormant, des deux vis, de leurs &croux, de l’arbre mouvant, & de la maie.

Par-tout ailleurs, l’arbre sur lequel dévide la corde & que l’on fait tourner au moyen d’une roue ou des barres, tourne sur son axe, ainsi que les ouvriers ; ici les ouvriers ne peuvent faire qu’un demi-tour, ou décrire la moitié du cercle, parce que l’autre partie de ce cercle est occupée par la vendange en pression, d’où il résulte que si les barres ou les vis sont courtes on n’agit que foiblement.

Dans plusieurs endroits du Languedoc, on appelle ces pressoirs à la cuisse, parce qu’effectivement c’est avec la cuisse que l’on presse. Je ne pus m’empêcher de frémir lorsque je vis pour la première fois opérer ainsi, & même, malgré l’habitude, je ne m’y suis jamais accoutumé. Les deux barres de chaque vis ne la traversent que de 4 à 6 pouces du côté de la vendange, é seulement allez pour y être maintenues par ce bout. Le grand bras du levier est du côté des pressureurs. Un homme tient de chaque main une de ces barres & les fixe de toute sa force. Vis-à-vis, en dedans de l’angle que les deux barres forment ensemble, se place un pressureur devant chaque barre ; il faut que ces trois hommes, ainsi que les trois de l’autre côté, agissent ensemble, & ils ne se meuvent que lorsque le chef donne le signal convenu ; ce signal est un son de voix approchant de celui du charpentier qu’ils appellent le Hem de S. Joseph, alors tous quatre partent ensemble, & se jettent avec force contre la barre, la frappant avec la partie supérieure de la cuisse qui répond au défaut du ventre. Ces gens sont accoutumés à cette manœuvre, & elle ne leur donne aucune peine.

Je conviens que ce pressoir est très-défectueux, mais dans les pays où l’on ne trouve pas de bons ouvriers, ou lorsque les facultés des propriétaires sont très-circonscrites, il vaut mieux avoir un pressoir médiocre que rien du tout ; il est en tout point préférable à la méthode de Corse où l’indigence a forcé de recourir à un moyen encore plus simple. Que l’on se figure un espace quelconque creusé sur le penchant d’une colline, & environné de quatre murs ; le fond du sol uni & plat, enfin bien pavé. Le mur du fond est du double, & quelquefois des deux tiers plus élevé que celui de face ou de devant, & la partie supérieure des deux murs de côté suit la direction de pente entre la hauteur du mur du fond & celui de devant, à travers le bas du mur de devant on ménage une rigole par laquelle le vin coule en dehors, & est reçu ou dans des barriques ou dans tels autres vaisseaux quelconques.

On a eu soin de placer à peu près au tiers de hauteur du mur du fond, & dans son épaisseur, une greffe pierre de taille à laquelle on attache & soude le tenon d’une greffe boucle, & encore pour plus grande économie, on se contente d’y creuser avec le ciseau une forte entaille proportionnée à l’épaisseur que doit avoir le levier, & capable de recevoir son gros bout. Ce levier est une longue pièce de bois