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Platane d’Occident ou de Virginie ; très-commun à la Louisiane, dans le midi du Canada, &c ; on le trouve près des rivières, dans les bas-fonds, où il devient d’une hauteur & d’une grosseur prodigieuses. Sa beauté lui mérite la préférence sur tous les platanes connus jusqu’à ce jour. L’accroissement de cet arbre, dit M. Daubenton, est des plus prompts. On voit actuellement, en 1761, dans les jardins de M. de Buffon, une grande allée de cette espèce de platane, plantée depuis 12 ans, dont la plupart des arbres a 38 à 40 pieds de haut, sur environ deux pieds & demi de circonférence. Cependant ces jardins sont au-dessus d’un monticule dans un terrain sec, léger, & d’une profondeur assez médiocre. Il faut observer que Montbard est dans le quatrième ordre des climats de France, c’est-à-dire, que l’intensité de chaleur n’y est pas assez considérable pour bien faire mûrir le raisin, & qu’ainsi il se rapproche de celui de la Louisiane ; cet arbre réussit fort bien dans les provinces du midi du royaume, mais sa végétation n’y est pas aussi brillante.

Sa tige est droite, unie, bien proportionnée, il se coiffe à merveille ; son écorce est lisse, unie, & d’un vert jaunâtre, mais agréable. Ce qui le caractérise & le distingue du précédent, ce sont ses feuilles souvent de plus d’un pied d’étendue, plus larges que hautes, & découpées en lobes.

Les variétés sont le platane à feuilles d’érable, variété de celui d’Orient… Le platane à feuilles en patte d’oie, ou platane de Bourgogne. Son écorce est grise, un peu rude ; ses feuilles sont moins agréablement vertes, & elles se recourbent sur les côtés ; l’accroissement du tronc est moins rapide… Le platane à feuilles peu découpées ; c’est la plus belle variété venue de semences, & les deux dont on vient de parler, sont des variétés du platane d’Occident ; celle-ci diffère de son type, & de l’autre, par sa feuille plus petite, arrondie par le bas, la moins échancrée dans ses faces, & par son accroissement plus lent. Comme les nœuds de ses branches sont plus serrés, elles donnent plus d’ombrage. On connoît encore le platane d Espagne à feuilles larges, & découpées en lanières… Celui d’Angleterre à petites feuilles, & découpées en lanières… Celui d’Orléans à feuilles arrondies… Il est constant que si on multiplie les semis, on obtiendra un bien plus grand nombre de variétés. Seront-elles plus précieuses que les deux espèces premières ? l’expérience l’apprendra.

De sa culture.

On multiplie les platanes par semis, & encore mieux par boutures On a presque abandonné l’usage de la pratique des semis, comme trop longue & trop minutieuse ; la réussite des boutures est si sûre, & leurs progrès si rapides, qu’il vaut beaucoup mieux s’en tenir à cette dernière.

Aussitôt que la graine est à son point de maturité parfaite, elle tombe ; la nature indique que c’est l’époque où elle doit être semée, ou du moins tenue dans du sable qui ne soit ni sec ni humide, afin d’empêcher qu’il