Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/443

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ggff, chantier… ee, chevalets qui soutiennent le tuyau de fer blanc.

Tel est le pressoir à coffre simple ou double ; on doit les perfections dont il jouit à M. Legros, curé de Marsaux. Cet habile homme a su d’un pressoir lent dans ses opérations, & de la plus foible compression, en faire un qui, par la multiplication de trois roues, dont la plus grande n’ayant que huit pieds de diamètre, abrège l’ouvrage beaucoup plus que les plus forts pressoirs, & dont la compression donnée par un seul homme l’emporte sur celle des pressoirs à cages & à tessons serrés par dix hommes qui font tourner la roue horizontale ; & sur celle des étiquets serrés par quatre hommes, montans sur une roue verticale de douze pieds de diamètre ; mais il lui restoit encore un défaut, qui étoit de ne presser que cinq parties de son cube, de façon que le vin remontoit vers la partie supérieure de son cube, & rentroit dans le marc chaque fois qu’on desserroit le pressoir, ce qui donnoit un goût de sécheresse au vin, & obligeoit de donner beaucoup plus de serres qu’à présent pour le bien dessécher, beaucoup plus même que pour toute autre espèce de pressoir, sans pouvoir y parvenir parfaitement.

La pression de ce pressoir se faisant verticalement, il étoit difficile de remédier à cet inconvénient ; c’est cependant à quoi j’ai obvié d’une façon bien simple, en employant plusieurs planches faites & taillées en forme de lames à couteaux, qui se glissant les unes sur les autres à meure que la vis serre, contenues par de petites pièces de bois faites à coulisse, arrêtées par d’autres qui les traversent, font la pression de la partie supérieure, sixième & dernière du cube. Par le moyen de la seule première serre, on tire tout le vin qui doit composer la cuvée, & en donnant encore trois ou quatre serres au plus, on vient tellement à bout de dessécher le marc, qu’on ne peut le tirer du pressoir qu’avec le secours d’un pic & de fortes griffes de fer.

On peut faire sur ce pressoir dix à douze pièces de vin rouge & paillé, jauge de Rheims, & six à sept pièces de vin blanc. Trois pièces de cette jauge font deux muids de Paris. Je vais donner ici le détail de toutes les pièces qui composent ce pressoir, le calcul de sa force, & la façon d’y manœuvrer, pour mettre les personnes curieuses en état de les faire construire correctement, de s’en servir avec avantage, & de lui donner une force convenable à la grandeur qu’elles voudront lui prescrire : on pourra, au moyen de ce calcul, en construire de plus petits qui ne rendront que six ou huit pièces de vin rouge, qui, par conséquent, pourront aisément se transporter d’une place à une autre, sans démonter autre chose que les roues, & se placer dans une chambre ou cabinet ; ou de plus grands qui rendront depuis 18 jusqu’à 20 pièces de vin, & pour la manœuvre desquels on ne sera pas obligé d’employer plus d’hommes que pour les petits. Deux hommes seuls suffisent, l’un pour serrer le pressoir, même un enfant de 12 ans ; & l’autre pour travailler le marc, & placer les bois qui servent à la pression.

On suppose les deux coffres remplis chacun de leur marc ; le pre-