Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/435

Cette page a été validée par deux contributeurs.

M. de Clieux de l’Amérique. La petitesse de la graine de l’herbe de Guinée indique qu’elle n’aime pas à être ensevelie profondément, & sa facilité à germer après sa chute, le prouve encore mieux. De là il paroît qu’on doit labourer souvent, herser beaucoup afin de bien émietter la terre & rendre sa surface aussi déliée que le sable, & que la herse doit être peu pesante ; des fagots d’épines, chargés de quelques pierres, doivent tenir lieu de herse. Si cette plante a si bien réussi en pleine terre, au jardin du Roi à Paris, si elle est déjà en culture réglée dans la Nouvelle-Angleterre, dans les environs de Boston, plus froids que les provinces même du nord de la France, il est très-probable qu’elle doit également réussir ici. Il vaudroit peut-être mieux commencer les semis dans nos provinces méridionales où les fourrages sont très-chers ; leur climat se rapprocheroit plus de celui du Cap, & de proche en proche, cette plante, à l’exemple des mûriers ( consultez ce mot ) s’acclimateroit par les semis.


PRÊLE ou QUEUE DE CHEVAL. (Voyez planche XIX, page 178.) Tournefort la place dans la sixième section de la quinzième classe, qui comprend les herbes à fleurs à pétales, à étamines ordinairement séparées du fruit, sur des pieds différens, & il l’appelle equisetum arvense longioribus setis. Von-Linné la classe dans la criptogamie parmi les fougères, & la nomme equisetum arvense.

Fleur : la floraison & la fructification de cette plante ne sont pas bien connues. Les fleurs naissent au sommet des tiges. B représente quelques étamines que l’on a cru appercevoir sur la tige. L’épi C est composé de plusieurs espèces de calices hexagones, disposés comme les espèces d’alvéoles d’une ruche d’abeilles. F représente un de ces calices vu de profil ; le même est montré presque de face en G. La base de l’épi est portée dans le calice ou enveloppe universelle D.

Feuilles E : très-longues, simples, marquées de quatre cannelures profondes, articulées ; les articulations sont très-longues.

Racine A ; menue, noire, articulée, rampante.

Port. La tige qui porte la fructification est une hampe surmontée d’un épi qui ressemble à un chaton ; les tiges stériles sont feuillées ; les feuilles sont disposées tout autour comme les rayons d’une roue autour de son moyeu. Le nom de la plante lui vient de la ressemblance de ses feuilles avec les crins disposés autour de la queue du cheval.

Lieu. Les terrains humides & sablonneux ; la plante est vivace.

Propriétés. Les feuilles & les tiges sont inodores & d’une saveur austère ; elles sont regardées comme propres à suspendre le pissement de sang par pléthore ou par des calculs ; l’hémorragie utérine par pléthore ou par blessure ; la diarrhée avec foiblesse d’estomac ; la dissenterie lorsque les douleurs sont calmées & qu’il n’existe plus que le relâchement : sous forme de cataplasme, on croit qu’elles s’opposent à la sortie des hernies réduites des enfans. Toutes ces propriétés n’ont pas encore été bien confirmées par l’observation. On dit que toutes les espèces de prêles sont nuisibles aux moutons ; cependant les bœufs & les chevaux en mangent l’herbe verte avec plaisir.