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fortes & peu en pente ; sans cette attention, l’eau ne se répandroit pas également par-tout ; les endroits les plus prés des canaux recevroient trop d’eau, & les plus éloignés n’en auroient pas assez.

La cinquième règle regarde encore les rigoles ; elles ne doivent pas être trop longues, sans cela l’eau ne sauroit atteindre à leur extrémité, ou bien elle y parviendroit trop froide, si le temps est froid ; & trop chaude, s’il est chaud. Il faut donc, pour diminuer leur longueur, faire un canal de dérivation de plus, & si cela ne se peut, On pavera la rigole jusqu’à une certaine distance, & on lui donnera un peu plus de pente, en la prenant un peu moins horizontale. J’ajouterai que les rigoles doivent être un peu plus larges à leur entrée, & diminuer insensiblement jusqu’à leur issue, parce que à mesure que l’eau avance, elle diminue de quantité.

6e. Règle. Les canaux qui s’engorgent & s’obstruent, dérangent l’arrosement ; c’est à quoi le propriétaire doit soigneusement prendre garde en visitant de temps en temps les canaux. Après la coupe des foins, il examinera s’il n’est point resté d’herbes sur les bords ou dans le fond. Après la chute des feuilles, & les fortes pluies, les canaux s’embarrassent souvent ; on doit surtout nettoyer les rigoles qui, étant plus étroites & n’ayant pour l’ordinaire que peu de pente, s’obstruent toujours plus facilement.

7e. Règle. Les eaux ne doivent croupir ni s’arrêter dans aucun endroit. Par la stagnation, les meilleures eaux perdent leur vertu & leur action ; elles deviennent nuisible. Elles s’échauffent à l’excès lorsqu’il fait chaud ; elles le refroidissent trop lorsqu’il fait froid, & constamment elles deviennent visqueuses. L’eau, pour produire un bon effet, doit être vive, & avoir toujours un libre cours. Cette règle ne sauroit jamais être impunément négligée.

8e. Règle. Le canal de conduite ne doit jamais dégorger, à moins qu’il n’y ait trop d’eau, ou que la saison ne soit pas propre pour l’arrosement, & dans ce cas même il convient d’établir une écluse pour laisser échapper le superflu des eaux qui ne peuvent que dégrader les bords de la conduite en passant par dessus.

9e. Règle. Le canal d’introduction ne doit dégorger que, lorsque traversant la partie supérieure de la prairie, il sert lui-même de rigole ou de canal d’arrosement ; alors on y fait, d’intervalle en intervalle, de petites ouvertures dans la direction de la pente. Il y a des économes qui font partir de ce canal des rigoles qu’ils coupent un peu en biais. Cette pratique convient pour les terrains un peu en pente, elle dispense de faire des canaux de dérivation qu’on feroit obligé de paver.

10e. Règle. En automne il ne faut point changer le cours de l’eau avant que l’endroit arrosé n’ait été parfaitement humecté ; dans cette saison les terres sont plus altérées que dans toute autre. Au contraire, ne donnez de l’eau que peu à la fois, & divisez vos eaux autant que vous le pourrez, à la fin de l’hiver, & après que les gelées blanches du printemps sont passées, pour ne