Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/416

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Si dans le voisinage on trouve des cailloux, ce qui n’est pas rare le long des rivières, des ruisseaux, &c ; si à leur défaut le rocher n’est pas éloigné & l’extraction de la pierre facile, il convient de profiter de ces avantages. À cet effet on ouvre dans la partie moyenne, à la profondeur de quelques pieds, un fossé transversal sur toute la largeur de la prairie, & si le besoin y est, un second semblable au premier, dans la partie inférieure. De semblables fossés sont ouverts perpendiculairement sur la hauteur du premier, & tous correspondent ensemble, de manière que le dernier aille jusqu’à l’extrémité la plus inférieure & porte l’eau au-delà de la prairie. Ces fossés sont remplis jusqu’à six à huit pouces de la superficie, avec les cailloux & les pierrailles. Le tout est recouvert de terre & semé comme le reste de la prairie. Ces fossés produisent un effet tout opposé aux fossés d’irrigation, puisqu’ils sont destinés à évacuer toute la partie d’eau superflue qui rend la prairie aquatique ou marécageuse. Ce sont autant de filtres par lesquels l’eau s’échappe. Il n’est aucun fonds, tant marécageux qu’il soit, pourvu qu’il ait de la pente, qu’on ne puisse assainir ; il ne s’agit que de calculer la dépense qu’on doit faire avec le produit qu’on espère en tirer.

Ce n’est pas assez d’introduire l’eau sur le pré dans le temps & dans la quantité convenable, il faut encore la diriger, la distribuer, & la répandre.

Par la direction des eaux on entend la manière de pratiquer & d’employer les divers canaux destinés à porter & à répandre la quantité d’eau convenable sur tous les endroits arrosables de la prairie.

Première règle. Toutes les parties de la prairie doivent profiter de l’arrosement, & l’arrosement ne doit nuire à aucune. Pour cet effet, les eaux seront élevées à la plus grande hauteur que le niveau puisse permettre, en évitant que les bas-fonds des pentes & des contre-pentes ne deviennent fangeux, marécageux, par le secours des eaux croupissantes.

2e. Règle.’L’eau doit être répandue sur chaque portion de la prairie selon la nature du terroir ; en plus grande abondance sur les portions qui sont de terres légères & moins sur celles qui sont de terres fortes. Il convient ainsi d’examiner avec soin la différence qu’il y a dans le sol du même pré, afin d’en abreuver plus ou moins les parties selon leurs besoins qui varient avec la nature & quelquefois avec leur position.

3e. Règle. Le nombre des canaux de dérivation doit être proportionné à la largeur de la prairie ; & à la légèreté du terroir. Le nombre des canaux de dessèchement à la quantité & à l’étendue des bas-fonds ; ainsi de tous les autres, suivant le local & les circonstances.

4e. Règle. La distance des canaux d’arrosement que l’on appelle rigoles doit aussi varier suivant la nature du terrain. Cette distance sera moindre sur les terres légères & peu en pente, & plus grande sur les terres fortes & sur les terres inclinées. En général on les espace de 30 à 50 pieds, de 30 à 40 dans les terres légères, ou qui n’ont pas beaucoup de pente, & de 40 à 50 pieds, dans les terres