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ou porte inférieure du réservoir.

Il seroit plus simple, dira-t-on, d’ouvrir ou de fermer la prise au moment qu’on a besoin d’eau, ou lorsque la pluie paroîtra prochaine. Quoi ! propriétaires, vous vous en rapporterez à l’attention & à la prévoyance de votre maître-valet, de vos gens, &c. ! il faut que vous ayez bien peu étudié cette race d’hommes ! Si vous voulez que l’ouvrage s’exécute, il faut que vous le commandiez ; ce n’est pas assez, il faut qu’il soit exécuté sous vos yeux ; mais quand vous seriez assuré de la prévoyance de vos gens, je n’insisterais pas moins à dire qu’un vaste réservoir placé au sommet d’une prairie lui est fort avantageux. Toutes les pluies ne sont pas par orages, mais toutes les pluies entraînent avec elles le limon de la terre & le déposent dans le réservoir. Ce limon devient un engrais précieux ; il suffit de le laisser fermenter pendant une année après l’avoir enlevé du réservoir, & de le répandre ensuite & avant l’hiver sur les parties les plus maigres de la prairie. On doit compter pour beaucoup & la qualité de l’engrais qui contient beaucoup d’humus ou terre végétale, & un engrais qui se trouve transporté sur le lieu même. En suivant chaque année cette méthode, on peut successivement, & à peu de frais, fumer la prairie entière ; si la prairie commence à vieillir, si elle a besoin d’un secours général, ce réservoir servira encore de dépôt pour les fumiers que l’on y transportera avant l’hiver & qui y resteront submergés pendant toute cette saison. L’eau s’imprégnera de toutes les parties salines, végétales & animales dont il est rempli, & à mesure qu’elle s’écoulera sur toute la surface de la prairie, elle y portera la vie & la fécondité ; de sorte que l’on peut dire que l’eau des pluies de l’hiver dégorgeant du réservoir, voiturera l’engrais par-tout ou le besoin sera ; il suffit de la diriger. Enfin, le caput mortuum, le restant pailleux de ce fumier délavé se mêlera par la suite avec le limon du réservoir, & en diminuera la ténacité. De cette manière rien ne sera perdu, & jusqu’à la dernière partie de l’engrais profitera à la prairie. Cette méthode est bien plus avantageuse que celle de répandre l’engrais en nature sur le pré. Le transport exige beaucoup de temps, il en faut pour l’étendre, & s’il ne survient pas de bonne heure des pluies, ce fumier se dessèche à l’air, & perd en grande partie ses principes, tandis que l’eau courante qui en est chargée les combine aussitôt avec la terre. Si je suis entré dans quelques détails sur ces prairies arrosées accidentellement, c’est pour n’y plus revenir, & afin de ne plus interrompre ce qui me reste à dire sur les véritables prairies, sur celles qu’on arrose à volonté, & les seules qui méritent d’être conservées, si toutes les circonstances sont égales.


§. I.

De la qualité des eaux, & des moyens de les corriger.

Leur qualité dépend des substances qu’elles contiennent, & de leur degré de température.

I. De la qualité des eaux. Toute eau qui dissout bien le savon, & dans laquelle les légumes cuisent promptement & sans durcir, est la