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des balles de froment ou d’avoine, &c. s’ils ont souffert pendant la première, on fera très-bien de les arroser encore pendant la seconde année.

II. La nature des arbres. Ils sont divisés en trois classes générales. Les uns perdent leurs feuilles à une époque donnée, c’est-à-dire, aux premières gelées qui surviennent après l’automne ; telle est la majeure partie des arbres d’Europe ; les autres conservent leurs feuilles, même au milieu des glaces & des frimats, tels sont les arbres conifères, comme les pins, les sapins, &c. ; les troisièmes enfin sont ceux qui sont toujours verts, & dont la fleuraison & la fructification se perpétuent pendant toute l’année ; l’oranger sert d’exemple, & ces arbres sont encore étrangers à l’Europe, quoiqu’on ait dans quelques-uns de ses climats, naturalisé l’oranger.

Tous ceux du premier ordre peuvent être plantés aussitôt après la chute des feuilles ; ceux du second, après la maturité des fruits ; & les troisièmes, pendant toute l’année ; mais principalement à l’entrée du printemps dans les climats d’Europe.

On doit bien concevoir que certaines espèces d’arbres peuvent faire exception à ces règles générales ; mais elles sont en petit nombre. La chute des feuilles annonce que le cours de la séve est ralenti ; la maturité des fruits des arbres toujours verts indique que les travaux de la nature sont achevés, & qu’elle a besoin de repos pour les recommencer sur de nouveaux frais. Enfin, il est censé que les arbres à fleurs & à fruit en même temps, se ressentent du relâchement de la chaleur ; que les bourgeons ne poussent plus (dans l’Europe méridionale) & par conséquent, qu’il y a une espèce de repos, & c’est le temps que l’on doit choisir pour planter. Ces époques sont-elles les mêmes pour l’Asie, l’Afrique & l’Amérique ? Je l’ignore.

III. La nature du sol. S’il est gras, humide, en un mot, s’il retient l’eau, il est clair que les racines de l’arbre planté après la chute des feuilles, seront noyées pendant l’hiver, & que si la saison rigoureuse dure pendant plusieurs mois, elles éprouveront, ainsi qu’il a été dit ci-dessus, les funestes effets des gelées. Si au contraire le temps est doux, ces racines moisiront & chanciront. Il y a plusieurs moyens propres à prévenir ces inconvéniens.

Le premier est d’ouvrir les fosses une année, ou au moins six mois d’avance, afin que les engrais météoriques, (consultez le mot Amendement) pénètrent, divisent, rendent meuble, à une certaine profondeur, la terre de la fosse, & facilite par-là un plus grand écoulement à l’eau. Le second, de donner à ces fosses le double de la profondeur ordinaire, afin qu’il y ait plus de terre remuée, & par conséquent une plus grande filtration. Par le troisième, on garnit le bas de cette fosse profonde avec du gravier, des cailloux & du sable, qui deviennent un filtre excellent. Par le quatrième, on écarte les eaux pluviales des fosses, en relevant la terre contre le pied de l’arbre, & en lui donnant un talus fort incliné qui se prolonge un peu au-delà de la partie de la terre remuée, enfin, on bat la superficie du talus, jusqu’à ce qu’il forme une espèce de croûte, & on la lisse avec le dos de la pelle,