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touche, la pâleur des gencives, le tartre épais qui couvre les dents, la pesanteur de l’animal.

On peut ajouter à ces signes, qu’elle ne s’annonce à l’extérieur par aucun changement bien sensible ; ce n’est tout au plus qu’à l’inspection des yeux & des gencives, qu’on peut juger de l’état des viscères & soupçonner la maladie ; mais lorsqu’on voit à l’extérieur des cloches remplies d’une sérosité limpide, sans fièvre, sans révolution critique, on peut assurer que l’intérieur est rempli d’hydatides. (Voyez ce mot) Il n’y a d’ailleurs aucun signe certain, qui puisse les faire connoître, ainsi que dans l’espèce humaine ; & souvent il y a un épanchement d’eau dans la cavité du bas-ventre, qu’on sent par la fluctuation, sans qu’on ait seulement soupçonné le mal. Les circonstances d’humidité qui ont précédé, l’état des yeux, qui sont alors ternes, pâles & humides, au lieu d’être vifs & brillans, celui de la caroncule qui est pâle & blafarde, ainsi que les vaisseaux sanguins qui serpentent tout autour, au lieu d’être rouges, animés ; les gencives qui sont pâles, livides, au lieu d’être d’un beau rouge, & enfin la fluctuation du fluide épanché, qu’on sent en frappant le bas-ventre avec la main ; tout cela annonce l’existence de la maladie, mais parvenue au dernier degré : on connoît qu’elle est à ce point, si à tous ces signes se joint une tumeur flasque, ou poche grosse à peu près comme un cens de poule sous le menton, que les bergers appellent la gourmette.


Du signe de la pourriture.

À l’ouverture des bêtes qui sont mortes de la maladie, on trouve presque toujours les poumons affectés, parsemés de tubercules, de plusieurs hydatides à leur surface. Souvent la couleur de ce viscère, au lieu d’être d’un rouge pâle, est d’un vert noirâtre, qui pénètre sa substance. Le foie est encore plus attaqué, & paroît être le siège principal de la maladie. Sa couleur naturelle d’un brun foncé & sanguin, est changée en bleu pâle & livide : sa substance, au lieu d’être ferme & solide, est molle & se déchire entre les doigts ; la vésicule du fiel est flasque, & ne contient qu’une eau jaunâtre ou une bile dissoute & corrompue ; on voit à la superficie de ce viscère des hydatides plus ou moins grosses & profondes, remplies d’une sérosité claire & limpide : elles sont néanmoins, à l’inspection, de couleur laiteuse, & leurs parois comme racornies, résistent assez fortement au scalpel. La plûpart sont tellement tendues & remplies, qu’en les ouvrant, la sérosité jaillit au loin & avec force. En ouvrant le sinus de la veine porte & ses ramifications, on les trouve remplis de douves : les intestins sont d’un blanc pâle & livide, sans apparence de vaisseaux rouges ; ils font humides & luisans, presques diaphanes. La graisse de l’épiploon, du mésentère est citronée & mollasse. La lividité & la mollesse affectent en général tous les viscères & toutes les chairs. Les hydatides qu’on trouve dans le corps ne font pas plus grosses pour l’ordinaire, que des pois, mais elles deviennent