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mauvaise qualité ou par une mauvaise nourriture ; il faut avoir recours pour la guérison au remède suivant. Faites fondre ensemble une égale quantité de résine, de beurre, de goudron, faites-en un onguent dont vous frottez la partie affectée, après cependant l’avoir délayé avec du lait chaud coupé d’une égale quantité d’eau : deux ou trois pansemens sont pour l’ordinaire suivis de la guérison.[1] »

Le Catarrhe « est une fluxion ou une espèce de distillation d’humeurs qui attaque les poules lorsqu’elles ont été pendant long-temps exposées au froid ou au gros soleil. Il est aisé de reconnoître quand elles sont attaquées de ce mal ; elles reniflent souvent, ont un râlement qui leur cause quelquefois des mouvemens convulsifs ; elles s’efforcent de repousser la matière âcre qui leur tombe dans le gosier, & en effet, elles expectorent quelquefois, mais jamais suffisamment pour se guérir. Cette humeur acquiert, de transparente qu’elle étoit, la consistance & la couleur qui constituent le pus ;… les poules sont dégoûtées & ne mangent qu’avec répugnance. Pour faciliter l’écoulement du pus, on leur traverse les naseaux avec une petite plume ; & lorsque la fluxion se jette, comme il arrive quelquefois, sur les yeux ou à côté du bec, s’il s’y forme une tumeur, il faut l’ouvrir & faire sortir la matière, bien déterger la plaie avec du vin chaud & y mettre ensuite un peu de sel broyé très-fin.

L’Etisie ou Phtisie. « Cette maladie est pour l’ordinaire précédée de l’hydropisie. La cause est ou dans le gésier, ce qui approche beaucoup de l’hydropisie de poitrine des hommes, ou elle est dans les intestins, ou enfin dans les vaisseaux cutanés. Dans le premier cas, cette maladie est très curable : il suffit de leur donner pour toute nourriture de l’orge bouillie mêlée avec la poirée, & pour boisson du suc de cette même plante avec un quart d’eau commune. Dans le second cas, on employe le même remède ; mais pour le troisième, l’animal est sans ressource, parce que toutes les parties vitales se trouvent insensiblement en défaillance.

La Goutte. « On dit que les poules sont attaquées de cette maladie lorsque leurs jambes sont roides, quelquefois enflées, & lorsqu’elles ne peuvent se tenir sur les perches dans le poulailler. La cause de cette maladie est l’humidité. Éloignez la cause & le mal cessera. Pour le guérir, frottez les jambes avec de la graisse de poule, ou à son défaut avec du beurre frais,[2] »

  1. Si les ulcères dépendent des causes indiquées, il est clair qu’ils ne sont que symptomatiques, & dès-lors en détruisant la cause, ils guériront peu à peu d’eux-mêmes, en les bassinant avec du vin tiède ; si au contraire ils ont pour principe un vice intérieur, & s’ils sont multipliés, il vaut tout autant tordre le col à l’animal, & l’enterrer, afin de préserver de la contagion le reste de la basse-cour.
  2. C’est un palliatif & non un remède. Supprimez toute la cause d’humidité, comme le fumier accumulé dans le poulailler ; transportez la demeure des poules ailleurs, si leur habitation est naturellement trop humide ; tenez les poules malades pendant quelques jours dans un endroit chaud, par exemple derrière un four ; enveloppez-les dans des linges chauds, &. bientôt le mal cessera.