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par égale quantité, les herbes appelées, éclaire, lierre-terrestre & anchuse, dont on exprime le suc. Lorsqu’on en a retiré une demi-bouteille, on y ajoute quatre cuillerées de vin blanc, & on en frotte soir & matin les yeux de l’animal ;… dans le second cas, il faut avoir recours à l’eau-de-vie, mêlée avec une égale quantité d’eau ; en frotter matin & & soir les yeux de l’animal ; avoir attention de lui donner pour nourriture des graines échauffantes, telles que celles de spergule & des criblures de froment, & tous les matins du son de froment bouilli dans les lavures de vaisselle ; & quand ce régime ne suffit pas, on a recours au remède suivant. Prenez un peu de manne & une pincée de rhubarbe, pétrissez bien le tout ensemble avec une suffisante quantité de farine de seigle, sur laquelle vous laissez tomber neuf à dix gouttes de sirop de fleur de pêcher ; donnez à ce mélange la forme & la consistance de pilulles de la grosseur d’un pois ; faites-en avaler deux le matin & deux le soir. On aura soin de frotter deux fois par jour les yeux avec le premier collyre indiqué, & l’animal se trouve guéri radicalement. »

Vermine. « Cet animal est attaqué d’une vermine particulière, qui le tourmente beaucoup lorsqu’on n’a pas l’attention de le tenir proprement. Quant à celle qui inquiète la volaille & altère considérablement sa santé, elle n’est occasionnée que par les ordures qu’on laisse vieillir dans le poulailler. Lorsque la volaille en sera attaquée, on fera bouillir un quart de livre d’hellébore blanc dans quatre pintes d’eau, jusqu’à réduction d’une pinte & demie ; on passera cette liqueur à travers un linge, & on ajoutera une demi-once de poivre & autant de tabac grillé. On lavera avec ce mélange l’animal, qui après deux ou trois bains de cette espèce n’aura plus de vermine.[1] »

Ulcères. « On remarque souvent sur le corps de la volaille de petites tumeurs ulcéreuses qui la font languir ; lorsqu’on la voit abattue & son plumage hérissé, c’est le symptôme caractéristique de cette maladie,[2] Elle n’est occasionnée le plus souvent que par une eau de

  1. Note de l’Éditeur. Je préfère à tous ces ingrédiens une dissolution de savon dans l’eau. La portion huileuse du savon bouche l’ouverture de la trachée-artère de l’insecte & il meurt suffoqué. D’ailleurs, comme le savon est très-soluble dans l’eau, on peut un ou deux jours après bien laver l’animal avec de l’eau simple & tiède, car la poule craint beaucoup la fraîcheur de l’eau, & sa peau restera propre & nette. Il est essentiel d’avoir dans une basse-cour un lieu rempli de sable fin pour que les poules puissent s’y vautrer au besoin. Cet expédient vaut beaucoup mieux que les fumigations sulphureuses à faire dans les poulaillers, & conseillées par plusieurs auteurs. La propreté, eh quoi encore ! la propreté garantit la volaille de toute espèce de vermine.
  2. Le symptôme tiré des plumes hérissées ne caractérise aucune maladie particulière, mais seulement l’état de souffrance de l’animal. Il en est ainsi du poil sur le bœuf, le cheval, &c. Aussitôt que ce premier symptôme se manifeste la ménagère doit s’étudier à en connoître la cause & à y porter le remède.