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qui suivent : les détersifs, les antiseptiques, les anthelmintiques, les séléniques, les hépatiques. Parmi les seconds, on range les résolutifs, les stimulans, les toniques, les corroborans, les échauffans, les céphaliques, les aphrodisiaques, les balsamiques, les antispasmodiques, les alexitères, les cardiaques, les carminatifs, les exanthématiques, les fondans.

L’usage médicinal des plantes & de tous les remèdes, est en général fondé sur une suite d’expériences & d’observations que les médecins de tous les siècles & de différens pays ont confirmées. La prévention, l’enthousiasme, la cupidité, ont pu accréditer pendant quelque temps certains remèdes, mais leur réputation chancelante n’a pu que rarement se soutenir.

Le plus beau problème à résoudre pour le salut des humains, seroit celui-ci : une plante étant connue, en découvrir les propriétés. Ce seroit une suite de cet autre problème non moins important, & non moins difficile à résoudre : une maladie étant donnée, en reconnoître le vrai remède, ou, s’il est possible, le spécifique. Il est affligeant, & c’est beaucoup encore, de savoir qu’il est un grand nombre de maladies qui n’admettent que des palliatifs. Il est humiliant de voir des malades incurables. Cependant les maladies sont mieux connues que les remèdes qui pourroient leur être convenables. Il faut l’avouer, la médecine doit plus à cet égard au hasard, & au pur empirisme, qu’au raisonnement. L’empirique dit : tel remède a telle propriété & je m’en sers, n’importe comme qu’il agisse ; la médecine rationnelle recherche le pourquoi & le comment. Quelquefois elle approche du vrai, le plus souvent elle rencontre faux. Le quinquina est un puissant fébrifuge ; on veut savoir comment il agit ; sachons plutôt en quoi consiste la matière fébrile. Chaque explication de la cause de la maladie décidera par une raison différente de l’action du remède ; ce qu’il en résultera de plus certain, c’est qu’il aura produit un tel effet. Quand l’auteur inimitable du Malade imaginaire a fait un jeu de mots latins sur la propriété soporifique de l’opium, il a dit tout ce qu’il étoit possible de dire en aussi peu de paroles, à des gens qui ne sont pas médecins, & nous ne leur en apprendrions pas davantage ; nous voudrions au contraire pouvoir rendre plus circonspects ceux qui croyent tout savoir, & qui expliquent tout avec assurance, & faire naître à d’autres de la méfiance pour les écrits séducteurs que les charlatans jettent dans le public, dans lesquels ils prônent avec impudence les propriétés supposées de leurs arcanes admirables contre tous les maux possibles. Ils en expliquent aussi facilement les effets qu’ils ont l’art de duper le peuple, & trop souvent des gens raisonnables.

Puissent ces réflexions rendre les gens de la campagne, & ceux qui les dirigent, (en faveur desquels nous insérons cet article) bien circonspects dans l’emploi qu’ils feront des plantes, tant pour eux-mêmes que pour les bestiaux. La plante doit leur être assez connue, & ses propriétés confirmées par des expériences antérieures, avant d’en faire aucun usage ; sinon, qu’ils consultent les gens de l’art, plutôt que de s’en