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une mue, n’est pas si bonne que quand les poules engraissent lorsqu’elles l’ont en liberté ».


CHAPITRE VIII.

Des Maladies de la volaille.

Nous nous servirons encore de l’ouvrage déjà cité, de M. Buc’hoz, dans lequel l’auteur a fait un résumé de tout ce qui avoit été dit par Olivier de Serre, Liger, Chamel, par M. Hall, &c.

La pépie. « La jeune volaille est très-sujette à cette maladie ; la disette ou la malpropreté de l’eau en est souvent la cause. Quand les poules manquent d’eau, le bout de la langue se durcit & forme cette espèce d’écaille, qu’on appelle pépie, & qui n’est qu’une pellicule racornie qui les empêche de manger. On ne sauroit croire, par exemple, combien l’eau de fumier est préjudiciable à ces animaux s’ils n’y ont recours qu’à défaut d’autre ; on leur donnera, pour obvier, sous un hangar, une eau qu’on aura soin de renouveler tous les jours & deux fois pendant les grandes chaleurs. Il est très-important d’observer à temps les poules attaquées de cette maladie, parce que le remède en est pour lors facile ;… on prend la poule malade, on en assujettit le corps avec ses jambes & on appuie le pouce gauche à un angle du bec & l’index à l’autre ; on lui ouvre par ce moyen le bec, ensuite on gratte légèrement la pellicule avec l’ongle ou avec une aiguille ; on l’arrache & on la sépare de la langue que l’on mouille, après l’opération, d’une goutte de vinaigre ou d’un peu de salive ; M. Dupuis d’Emportes préfère une goutte de lait bien butireux ; on en oint l’extrémité de la langue, qui, comme on se l’imagine, est très-sensible, & on ne donnera à boire à l’animal au moins d’un quart d’heure ».

Maladie du croupion. « C’est une petite tumeur enflammée qui survient & se place à l’extrémité du croupion. Toutes les volailles qui en sont affectées ont le plumage hérissé & languissant ; ce symptôme est le plus caractéristique de cette maladie ; il n’y a aucune équivoque à craindre. Quant à la cause elle est très-ailée à indiquer ; ce ne peut être autre chose qu’un sang épaissi qui communique ce défaut à la lymphe ; aussi l’animal est-il toujours échaufé dans ce cas, & la maladie précédée de constipation… Voici actuellement la méthode qu’on peut employer pour la guérir. On cherche d’abord cette enflure, on l’ouvre avec un couteau bien tranchant, on serre latéralement la plaie avec les doigts, & l’on fait sortir toute la matière ; ensuite on la lave avec du vinaigre bien chaud, & l’on peut être assuré de la guérison. Il y a des femmes qui se contentent d’ouvrir avec une aiguille ; cette méthode est très-pernicieuse, parce que la matière ne trouvant point, relativement à sa quantité & à son épaisseur, une issue assez libre, séjourne, cave en dedans & très-souvent carie l’os, ce qui entraîne le dépérissement de l’animal. [l faut encore observer que la coction de la matière soit faite, ce que l’on reconnoît à un peu de flexibilité dans la tumeur ; autrement l’opération devient très-douloureuse & la cure très-longue. M. Dupuis